Troyes-OM et un coup fin

Une excursion au stade de l’Aube, c’est toujours une curiosité. Là, on se sent pas à San Siro ou à Old Trafford, encore moins au Camp Nou ou à Bernabeu. Faut dire, l’ambiance du kop local est aussi électrique qu’une pile wonder usagée et les tifosis aussi actifs qu’un quarteron de retraités de la SNCF. […]

Une excursion au stade de l’Aube, c’est toujours une curiosité. Là, on se sent pas à San Siro ou à Old Trafford, encore moins au Camp Nou ou à Bernabeu. Faut dire, l’ambiance du kop local est aussi électrique qu’une pile wonder usagée et les tifosis aussi actifs qu’un quarteron de retraités de la SNCF. Ici on se prend pas le chou, on vient en famille, on sort même le petit dernier. Dame, il risque pas d’attraper de l’asthme avec les fumigènes…

« Passe avant le meilleur », c’est la devise du club. Le problème pour la formation champenoise, c’est que le meilleur reste à venir. Pensez, 21 buts en 32 matchs, çà vous classe une attaque çà monsieur. Dans les tribunes, t’as intérêt à prévoir le thermos de Jacques Vabre si tu veux pas tomber dans les bras de Morphée.

Y’avait pourtant Leroy, Laurent de son prénom, qui était arrivé de Paname en renfort au mercato d’hiver. Au jour d’aujourd’hui, le garçon cherche toujours le chemin des filets et il a l’air d’avoir perdu sa carte Michelin. Pas un pion en trois mois, çà fait mauvais genre, erreur d’aiguillage, bison pas futé voire itinéraire d’un enfant gâteux…

De toute façon, rien ne va plus au pays des andouillettes. Faut avouer, Jacky avait été d’entrée dépassé par les évènements. On lui avait alors mis un Romano dans les pattes. Çà n’avait pas fait plus d’effet qu’un riff des Gipsy King. A Noël, on avait appelé Faruk au chevet du bébé malade. La filière bosniaque façon Pinuche à Rennes. Même motif, même punition, le club ne décolle pas plus qu’un pigeon aux truffes.

C’est que c’est pas si facile de remplacer l’Alain. Payait pourtant pas de mine avec son petit veston, avec son petit cahier, avec son petit crayon. Paraît que Vacelet, le président du staff local, se mord tellement les doigts de l’avoir laissé filer qu’il va bientôt attaquer l’os. Attends, l’an dernier, le mari de Sylvette avait quand même réussi à ce que les herbivores du brave Daniel broutent à l’Intertoto !

Bye bye, c’est à Marseille, un beau jour de l’été que, tel un Zorro des gazons verts, Perrin est arrivé sans s’presser. Le grand Perrin, le beau Perrin. Avec son ch’val et son grand manteau. En l’occurrence, un bourrin suisse et un loden. A la Commanderie, il a remis son ouvrage cent fois sur le métier. En bon technicien de surface, il a commencé par faire le ménage.

Avec son pote Bouchet, il a fait mordre la poussière aux plus récalcitrants puis s’est débarrassé de ceusses qu’avaient une araignée au plafond. Comme une tornade blanche, il a lavé les slips autant que les cerveaux, monsieur Propre. Que tu mettes le doigt sur la couture d’un des survets des gars ou bien alors que tu le passes sur un des murs du camp de training, tout est nickel sous les aisselles. Y’a plus un poil qui dépasse. Tout le monde est aux ordres et on peut manger par terre.

Oui mais voilà, çà fait deux fois consécutives que l’OM reçoit une gifle dans son enceinte fétiche. Et çà, c’est beaucoup moins clean. La première claque venait du rongeur carioca et de ses joyeux collègues de Pantruche. Elle avait fait bobo à l’âme. La seconde n’est pas moins cinglante. Elle est administrée par un aréopage de paysans armoricains et est la conséquence directe de la première. Le mental est en berne et Perrin peine à inculquer un sentiment guerrier, pis ne parvient pas à lancer d’appel à la révolte. De ses chèvres, il a fait des agneaux…

Bon, pas la peine de tergiverser, de tortiller du fion à qui mieux-mieux, y’a quand même un bon coup à jouer là-bas dans l’Aube. Faut définitivement l’éteindre, leur lanterne rouge. Désolé, mais s’ils sombrent après çà dans une nuit sans fin, nous ne verserons point de larme. Trois petits points et puis s’en va. Telle est la dure réalité. Juste histoire d’espérer encore… »Aimer, c’est la moitié de croire » disait Victor Hugo.