OM – Guingamp : Se souvenir des belles choses

A chaque histoire sa chute. Le sort a désigné Guingamp pour mettre un terme au chapitre II de l’ère Bouchet. Soit. Niveau suspens, on repassera : il n’y aura pas de retournement de situation, de rebondissement final, ou – que sais-je ? – d’happy-end hollywoodien. Si le football avait des scénaristes, il faudrait en changer […]

A chaque histoire sa chute. Le sort a désigné Guingamp pour mettre un terme au chapitre II de l’ère Bouchet. Soit. Niveau suspens, on repassera : il n’y aura pas de retournement de situation, de rebondissement final, ou – que sais-je ? – d’happy-end hollywoodien. Si le football avait des scénaristes, il faudrait en changer ! Ce match, qui aurait pu être le zénith émotionnel de l’année, n’en sera que le crépuscule. Et pour cause : après avoir renoncé à disputer l’intertoto, l’OM n’a plus rien à gagner – ni à perdre.

Alors, pourquoi disputer ce match ? Il serait pourtant facile d’obtenir un mot d’excuse du médecin de famille – la saison fut longue et éprouvante -, de dire que cette fois-ci la mère-grand s’en est vraiment allée… D’autant plus qu’un désistement massif ferait bien des heureux : les réservistes, à la recherche d’un nouveau club, et les minots, qui tous doivent rêver d’une ascension flaminienne, n’attendent que ça ! Guingamp, cette moribonde équipe de queue de peloton, a tout du faire-valoir idéal pour un Philippe Christanval ou un Fabio Celestini, pour un Terry Racon ou un Fabien Camus…

En effet, les hommes de Bertrand Marchand ne se sont jamais remis du départ de leurs cadors, Florent Malouda et – bien sûr – Didier Drogba. Ronan Le Crom et Jérôme Leroy, qui tirent avec un certain talent leur épingle du jeu, doivent se sentir bien seuls. Dagano, Goussé et André n’ont pas su – loin s’en faut – faire oublier leurs prédécesseurs, et c’est logiquement que Guingamp a retrouvé une place plus conforme à ses moyens : le bas de tableau.

Pourtant, José Anigo a décidé d’aligner son onze majeur ce soir. La foire aux chèvres n’aura pas lieu, pas plus que la colonie de vacances pour minots aux dents longues. Alors, pourquoi ?

D’une part, parce que Guingamp fait partie des clubs jouant le maintien : autant les critiques de Moretti à propos de Toulouse – OM étaient déplacées, autant il serait véritablement inique d’aligner une  » équipe Z  » ce soir, alors qu’aucune échéance n’attend l’OM, et que du résultat du match dépendra la survie de certains clubs en Ligue 1. Il en va de l’image de l’OM : les joueurs perdraient en estime ce qu’ils économiseraient en énergie.

Et d’autre part, pour des raisons de fierté. La saison olympienne fut pleine de paradoxes : le meilleur – l’UEFA – a côtoyé le pire – le championnat ; et, surtout, la finale de mercredi dernier a laissé un goût d’inachevé. Alors, vis-à-vis des supporters, vis-à-vis d’eux-mêmes, les olympiens ne peuvent se permettre de partir sur une fausse note. Il leur faut au contraire conclure l’exercice 2003-2004 sur une note d’espérance. Terminer sur une victoire, sur un franc succès, afin que, de cette saison, on ne se souvienne que des belles choses.