Sevrés de prestations de qualité depuis des mois, les supporters ont bruyamment manifesté leur mécontentement samedi soir lors de la médiocre victoire de l’OM face à la lanterne rouge Arles-Avignon. Cette cinglante réplique des virages n’a pas été du goût des joueurs qui, à l’instar de Stéphane Mbia, ont mal vécu les insultes écrites en lettres capitales sur plusieurs banderoles. Didier Deschamps a lui aussi peu apprécié de voir son équipe conspuée malgré la victoire.
Les tenants du résultats face aux partisans du jeu
Dans les rangs même des supporters, ce vieux débat divise. Au sein des joueurs, l’unanimité est de mise : seule la victoire compte. Or s’ils apprécient les victoires et les titres, les abonnés des virages demandent peut-être aussi du beau jeu. Une exigence que l’on peut estimer comme légitime pour un public qui sacrifie temps et argent pour supporter leur équipe. Élevé à maturité à la mode italienne, Deschamps lui est plus sensible au clean sheet qu’au score fleuve. L’incompréhension est là.
Des sifflets comme un signal d’alarme
Depuis plusieurs semaines, les supporters de l’Olympique de Marseille attendaient une réaction d’orgueil des joueurs après une première partie de saison médiocre. Il n’en eut point même si l’OM s’est offert une place en finale de Coupe de la Ligue face à Auxerre et une victoire face à Bordeaux. Avec 8 points de retard sur le leader Lille avant la rencontre face au voisin provençal, Marseille était décroché de l’aveu même du coach phocéen qui ne parlait plus de titre mais de qualification en Ligue des Champions comme objectif de saison. Face à Arles-Avignon, les joueurs ont confirmé qu’ils n’étaient pas au mieux dans l’animation offensive notamment. Un rappel à l’ordre pouvait donc apparaître comme une solution puisque les hurlements de Deschamps dans les vestiaires n’ont aucun effet.
Le risque de plomber l’ambiance
Excessif, le public marseillais peut porter au pinacle un jour et descendre en flèche son équipe un autre jour. « Marseille, ça peut attirer. Quand ça se passe bien, il y a un engouement extraordinaire. Quand c’est un peu plus difficile, c’est un public qui enfonce ses joueurs donc cela rend ce passage encore plus délicat » disait Christian Gourcuff il y a quelques jours. Les supporters marseillais ont ces deux faces cachées d’une même passion. Ces débordements grossiers peuvent être contre-productifs comme on l’a vu par le passé. Reste que les supporters ont été assez patients ces dernières années pour qu’on ne leur en tienne pas rigueur même si certaines banderoles déployées ont choqué.
Les joueurs pris pour cible
José Anigo affirmait après la rencontre que le problème ne venait « pas du public mais des joueurs« . Capable d’avoir des blessures indécelables à l’IRM pour obtenir une augmentation de salaire, Mbia est un symptomatique de ce microcosme doré qui, non content d’être plus que grassement payé pour taper dans un ballon, veut être adulé même s’il n’est pas bon. En interpelant le public, l’international camerounais a vérifié son audience auprès du public. L’inconscience de son geste a frisé le ridicule mais on peut penser que d’autres auraient reçu le même accueil. Malgré tout, il est révulsant de voir les joueurs insultés ! Mais pas sifflés ? « Vous êtes des clochards » a lancé lors de cette rencontre un poète des virages. Des clochards certes mais payés 240 000 euros par mois.
Tout n’est pas si désespéré !
Avec le match nul concédé par Lille face à Auxerre, Marseille revient à six points du leader nordiste qui avouait craindre le retour des Olympiens par la voix de son président Michel Seydoux. Or l’OM souffre d’un seul mal, celui de l’animation offensive. Côté défense, les indicateurs sont au beau fixe depuis quelques temps avec un Steve Mandanda impérial depuis qu’il a pris le brassard de capitaine et un Souleymane Diawara puissant et efficace. Ce duo pourrait être complété par Gabriel Heinze, Rod Fanni, Taye Taiwo et Stéphane Mbia qui chacun à leur tour donnent bien souvent le meilleur d’eux-même. Tout n’est donc pas si noir au pays olympien. Reste juste peut-être à Deschamps de revoir tactiquement sa copie pour trouver une cohésion qui semble incapable d’amener avec ses choix actuels.
Chaque fan de l’OM se fera son propre avis sur la posture que devait adopter le public lors de cette rencontre. Mais il devra le forger au regard de la représentation qu’il a des supporters du Stade Vélodrome ou de ce qu’ils pourraient être (si on a la naïveté de penser qu’ils changeront). Aujourd’hui les joueurs ont les cartes en main. A eux de changer la donne et de retourner le public.