Montpellier-OM : Loulou et la classe biberon

Nicollin est quand même un sacré loustic. Collectionneur de pontages coronariens comme d’autres collectionnent les vases chinetoques époque Ming, lui et son club étaient donnés pour exsangues il y a peu, condamnés à la fois par la médecine et par le ballon rond. Que nenni ! Voilà maintenant qu’ils s’accrochent de consort, tels des berniques […]

Nicollin est quand même un sacré loustic. Collectionneur de pontages coronariens comme d’autres collectionnent les vases chinetoques époque Ming, lui et son club étaient donnés pour exsangues il y a peu, condamnés à la fois par la médecine et par le ballon rond. Que nenni ! Voilà maintenant qu’ils s’accrochent de consort, tels des berniques sur un rocher, à la si convoitée Ligue1. Et tout çà grâce à une bande de gamins issus du centre de formation.

Souvenons-nous. Juste avant le match aller, Loulou la mort dans l’âme et la chemise ouverte, avait du se débarrasser de son « ami de trente ans », le bon vivant Mézy, Mimi pour les intimes. L’absence de résultats probants et une dix-huitième place peu flatteuse avaient eu raison d’une collaboration pourtant si fraternelle. A la va-vite, l’éboueur en chef avait parachuté une troïka de coachs destinés à sauver les meubles.

« Avec le temps va tout s’en va » chantait le grand Léo. On annonce déjà l’arrivée de l’inévitable Nouzaret pour la saison à venir. Bernardet avec Baills et Printant, ses deux acolytes du triumvirat, ont su pourtant faire preuve d’audace. Ils ont instinctivement puisé dans la réserve locale pour inoculer un sang nouveau au jeu héraultais. Le moins que l’on puisse dire est qu’ils n’y sont pas allés de main morte.

Excusez du peu. Au coup d’envoi d’un précédent match, l’ancien porteur du maillot phocéen avait aligné d’entrée de jeu, pas moins de huit ex-pensionnaires du très prolifique complexe du plateau de Grammont. Six d’entre eux venaient de passer sans transition de la récré de maternelle à la cour des Grands, quasiment de la couche-culotte au flottant bleu foncé. Et çà avait marché…

Çà se passait début mars à Troyes dans l’Aube et la classe biberon sous la houlette de Barbosa l’avait emporté 2-0 en développant un jeu chatoyant à une touche de balle. Avec son 4-3-3 de derrière les fagots, le bon Gégé avait concocté une attaque dont la moyenne d’âge ne tutoyait pas vingt piges. « Alertez les bébés » avait jadis prophétisé Higelin.

L’entraîneur montpelliérain s’en est souvenu et a promis-juré. En cas de sauvetage réussi, il entamera à pied un pèlerinage à Lourdes. Attention, pas question pour tout bon marseillais d’encourager samedi cette soudaine crise mystique. Chacun sait bien que seule la Bonne Mère veille sur ses ouailles. Il serait pour le moins hérétique que notre formation accorde sa bénédiction à ce récent saint homme et à ses enfants de cœur.

Symbole parfait de cette crèche miraculeuse, Mézague, Valéry de son petit nom comme l’accordéoniste de Chamalières, à la fois milieu de terrain camerounais d’origine et natif de Marseille, encore un… Le garçon possède entre autres une frappe de mule et a la particularité rare d’avoir terrassé à lui tout seul ou presque, le PSG au Parc. Çà vous classe un homme, un vrai, un tatoué, çà monsieur…

Nul doute que Perrin eût bien aimé voir passer ce genre de phénomène à la Commanderie. C’est parfois rageant de voir tous ces olympiens en herbe qui éclatent au grand jour sous d’autres cieux et sur d’autres pelouses. Gageons qu’avec lui aux affaires, ce style de cagades ne se reproduise plus. Les Bouches du Rhône aiment à se nourrir des produits du terroir.

Il y a du rural dans l’Alain. Il sait bien dans sa Ford intérieure et dans son moi profond qu’un club trouve ses racines dans son propre humus. Rien ne vaut le management à l’ancienne. Fi des mercenaires improbables, on privilégie le droit du sol, le sens du devoir, l’amour du maillot. Faudrait voir à renouer avec la préférence culturelle, la typicité provençale, le minot du quartier…

Après la fessée déculottée du Vélodrome, il s’agit pour l’heure et pour tout un chacun de recouvrer ses esprits. Jusqu’à présent, l’OM cette année a toujours bien réagi après un échec. Cette fois-ci, le mal apparaît plus profond et pas seulement parce qu’on a posé une plaque sur le front de Fernandao. Les dégâts collatéraux restent inchiffrables. L’honneur a été touché. Les certitudes manifestement entamées. Et si d’aventure, c’était un mal pour un bien… Comme le disait Lautréamont, « Le doute est un hommage rendu à l’espoir ».