Le nouveau mauvais virage de la formation

Au lieu de prendre ce qui se faisait de mieux en terme de formation en France, l’Olympique de Marseille a choisi un parfait inconnu sorti de nulle part et sans réelle expérience. Un pari risqué.

Comme on pouvait hélas s’y attendre, la page Stambouli se tourne avec des U19 qui sont relégués et une équipe réserve qui s’est montré incapable de remonter alors qu’elle évolue déjà à un piètre niveau et bien qu’elle soit emmené par un Eric Thiery qui a fait ses preuves (2 fois champion de France en 2008 et 2009 avec les U17). Ayant été capable en 20 ans de ne sortir qu’une poignée de joueurs de haut niveau (Nasri, Flamini, les Ayew, Carrasso), le club phocéen s’est payé le luxe d’écarter un Benatia, de dégouter un Alessandrini et de passer à côtés des Tigana, Leboeuf, Cantona, Zidane et autres cadors. L’équipe dirigeante actuelle n’y est bien sur pour rien puisque l’incompétence de l’OM à ce niveau date de l’an pèbre (une seule coupe Gambardella en 58 éditions). Mais loin de vouloir reprendre la main à ce niveau, ces derniers ont choisi à nouveau de recruter à l’affectif en la personne de Thomas Fernandez dont le curriculum tient sur un post-it.

Les grandes figures de l’OM absentes de l’organigramme

L’OM possède un très bel outil avec La Commanderie mais c’est une coquille vide. Avec des choix sportifs tournés vers le physique (vitesse et/ou puissance) comme la plupart des clubs français, le club marseillais a choisi aussi – contrairement au Bayern Munich ou au Barça par exemple – de ne pas prendre des grands anciens pour amener les jeunes au meilleur niveau. Seul Jean-Philippe Durand est là, ce qui donne quelques relents amers à Basile Boli auxquels on souscrit. « Regardez au Bayern, à Manchester ou au Real, où Di Stefano remet à chaque fois le maillot à une nouvelle recrue: ça se passe différemment. » Au panthéon du football européen cette saison avec un triplet historique (Champions League, Coupe d’Allemagne, Bundesliga), le Bayern Munich a à tous les postes clés d’anciens mythes du club : Uli Hoeness qui a succédé comme président à Franz Beckenbauer, Karl-Heinz Rummenigge comme directeur exécutif, Sepp Maier entraineur des gardiens, Gerd Müller à la formation. Et à l’OM ? José Anigo et Franck Passi.

Fernandez : un choix incompréhensible

Alors que Rampillon était pressenti à l’OM et que le club phocéen avait noué des contacts avec Nobilo, les dirigeants phocéens ont fait le choix incompréhensible d’enrôler un inconnu sans expérience du haut niveau à un des postes les plus importants de l’organigramme du club phocéen : celui de directeur du centre de formation. Parent pauvre du club olympien depuis toujours, la formation sera donc dirigée par un coach dont le CV est « impressionnant » : entraineur des Herbiers club de CFA (jamais entendu parlé) il a connu 2 montées … et une descente, 56 matches de L1 comme joueur (à titre de comparaison Rafidine Abdullah en a 24) et une amitié avec Elie Baup. Un gros calibre quoi ! A titre d’information, Patrick Rampillon est depuis 1987 le directeur du centre de formation du Stade Rennais et en a fait la meilleure structure pour les jeunes talents. Peut-on oser dire qu’il y a photo ? Jean-Marc Nobilo, lui, a été sacré meilleur coach de L2 en 2007 et a été directeur de la formation au HAC, un centre qui a sorti des joueurs comme Steve Mandanda, Charles N’Zogbia, Nicolas Douchez, Lassana Diarra, Guillaume Hoarau, Gueida Fofana, Paul Pogba, … Seizième centre de formation de France selon le classement de la FFF, l’OM aura toutes les peines à progresser à moins que Baup nous ait caché qu’il avait aussi des talents de recruteur. Il y a exactement deux ans, José Anigo déclarait vouloir avoir une équipe composée de 50% de jeunes issus du centre de formation. Sans prendre de risque, on peut dire qu’on en est très loin.

Alors le Paris Saint-Germain et l’AS Monaco nous laissent une chance inouïe de tirer notre épingle du jeu en délaissant la formation pour des recrutements bling-bling, l’OM avait le choix de recruter ce qui se faisait de mieux en France. Engoncés dans des choix affectifs depuis des années avec notamment un José Anigo qui n’a cessé de ramener à lui ses amis de sa génération des minots, les dirigeants phocéens ont cette fois-ci décidé de prendre à nouveau un « ami de » avec une curriculum quasi vierge pour relever un défi incroyablement difficile : sortir des joueurs régulièrement comme le font Lyon, Rennes ou Le Havre. Comme nous l’avions fait avec Stambouli, nous faisons le pari que, dans deux ans, la situation de la formation ne se sera pas améliorée. On nous a martelé durant des années que l’OM devait être géré comme une entreprise : nous voilà la preuve que ce n’est pas le cas.