Pas un week-end depuis des années sans qu’une ou plusieurs erreurs n’entachent les journées de championnat de Ligue 1. La faute aux arbitres ? Ce serait la solution de faciliter que de le penser. Tous les acteurs du football ont leur part de responsabilité et chacun oeuvre à son niveau pour que les choses se passent mal. Aujourd’hui, le ras-le-bol est complet du côté du corps arbitral qui a décidé de reculer de 15 minutes le début de chaque rencontre. La réponse de la FFF a été immédiate en décidant d’écarter les protestataires des matchs du week-end ! Vive le dialogue ! Mais cette crise n’est pas une première en Europe puisque le problème se retrouve dans tout le football européen depuis des décennies. Sauf qu’aujourd’hui, les enjeux financiers sont tels que les critiques envers les hommes en noir se font de plus en plus virulentes.
Des instances coupables d’immobilité
Si dans le rugby, les règles évoluent au fil des années, le football reste figé dans ses fondements depuis des décennies. La FIFA et les anciens grands joueurs, eux, ne veulent pas entendre parler de la vidéo même s’ils sont conscients des problèmes. « On va tuer les arbitres si on introduit la vidéo. Dès qu’il y aura la vidéo, il n’y aura plus d’arbitres » avait déclaré Sepp Blatter il y a quelques années. Il suffirait pourtant de limiter à 3 les appels à la vidéo par rencontre et pour chaque équipe afin de mettre un enjeu tactique intéressant aux rencontres et soigner un peu le mal qui ronge ce beau sport.
Des joueurs et entraineurs sans figure
Christian Gourcuff estimait le week-end dernier que les arbitres français manquaient d’intelligence après s’être senti floué lors d’une rencontre. « Tant que les arbitres n’auront pas d’intelligence dans le discernement, on sera confronté au même problème toutes les semaines. » Les entraineurs seraient-ils exemptés de cette absence de discernement ? Pour Gourcuff, il semble que cela soit le cas. Hélas ce type de discours s’entend dans tous les clubs et c’est bien dommage de tirer les choses par le bas. Rappelons tout de même que Michel Platini souhaitait que les anciens joueurs deviennent arbitres. Aucun n’a souhaité s’engager dans ce sens. Il est bien sûr plus facile de critiquer en étant spectateur qu’en étant acteur.
Simulateurs, adeptes maladifs de la mauvaise foi, agressifs souvent envers l’homme en noir, les joueurs n’aident jamais l’arbitre à prendre ses décisions et ne sont jamais réellement sanctionnés pour cela. Jamais Alou Diarra n’aurait foulé à nouveau un terrain après avoir poussé un arbitre dans le monde du Rugby. Le laxisme des instances françaises est donc aussi au coeur du problème.
Un corps arbitral gangrené par les clans
Si les arbitres français officient essentiellement en Ligue 1 (LFP), ils dépendent de la FFF ! Déjà incapable de gérer au mieux l’équipe de France, la Fédération Française de Football gère aussi assez mal le corps arbitral qui parait rongé par des luttes intestines. « Plus on est uni, soudé, plus on est fort et performant. Il y a une dizaine d’années c’était le cas, sur le terrain il y avait une vraie camaraderie et un vrai plaisir d’être ensemble. Les enjeux, les rivalités sont arrivés et ont laissé la place à tout ça » estimait Bruno Derrien il y a quelques temps. Un autre ancien grand arbitre Michel Vautrot va dans ce sens. « Lorsque Marc Batta m’a remplacé (à la DNA), l’ambiance était délétère. Il y a des clans, dont un veut le pouvoir. Derrière, en filigrane, il y a la Ligue professionnelle. Il y a ceux qui ont joué la carte Thiriez car ils ne sont pas dans la direction de l’arbitrage. Il y a eu une génération d’arbitres perdue par toutes ces affaires. » C’est aussi l’avis de Stéphane Moulin, aujourd’hui à la retraite. »On paie les aigreurs de certains, comme ces anciens arbitres devenus consultants qui tapent sur leur ancienne corporation. L’arbitrage est vérolé par des clans. »
Même au sein du SAFE (Syndicat des arbitres du football d’élite), des clans se sont formés et se battent en interne pour le pouvoir. Un climat qui n’aide certainement pas l’arbitrage français à se réformer.
Dimanche soir, on ne sait pas si un trio arbitral de National ou du Calcio officiera pour la rencontre qui opposera Marseille à Lille. Tout un programme !