Trêve internationale oblige, le championnat et la Ligue des Champions font relâche une quinzaine de jours, donnant la possibilité à Eric Gerets de travailler avec un groupe qui en a grandement besoin. L’OM a ainsi prévu dans son planning un match amical face au Sporting Club Bastia, histoire de mettre en application les nouvelles dispositions tactiques de l’équipe, tout en donnant du temps de jeu à ceux qui pourraient en manquer.
Les Corses, relégués il y a quelques saisons en L2, ont traversé des périodes tumultueuses ces derniers temps, mais semblent sur la bonne voie de la guérison. A leur tête, une vieille connaissance olympienne, Bernard Casoni. Ce dernier a eu la gentillesse de nous répondre à la veille de ce match amical.
Bonjour Bernard, merci de nous accorder cette interview. Quels sont les meilleurs souvenirs de ta carrière de joueur à l’OM ?
Tout ! Les six années que j’ai passé à l’OM, que ça soit en coupe d’Europe ou même en division 2 ! Bien sûr gagner la coupe d’Europe a été un moment extraordinaire, et il y a eu des moments plus difficiles. Mais mes années marseillaises, c’est beaucoup, beaucoup de positif.
Et les pires ?
Oui, bien sûr que l’affaire VA-OM et la rétrogradation ont terni l’image du club. Passer du sommet de l’Europe à la D2, tomber de tous ces étages, ça donne un sacré coup… Cette affaire a gâché la fête.
Que penses-tu du livre de Jean Jacques Eydelie sur cette l’affaire?
S’il a ressenti le besoin de faire ce livre, c’est son problème à lui, chacun assume ses responsabilités. Je ne suis pas là pour dire que c’est bien ou que ça ne l’est pas. Il a voulu sortir un livre, il l’a sorti, je ne suis pas là pour juger. Après si j’ai quelque chose à lui dire par rapport à son livre, je lui dirais en face.
Tu formais avec Basile Boli et Carlos Mozer une défense redoutable en Europe. Que manque-t-il aux défenseurs actuels de l’OM pour espérer être aussi redoutables ?
C’est difficile de comparer les époques. A l’époque, il y avait une vingtaine d’internationaux dans l’effectif, aujourd’hui il y en a moins, et donc il y a moins d’expérience, c’est logique. Les meilleurs joueurs français partent tous dans les championnats étrangers, le niveau d’expérience en général est forcément plus bas.
As-tu gardé contact avec certains coéquipiers de la grande époque ?
Bien sûr ! L’OM Star Club permet de garder un contact avec pas mal de monde, c’est important car nous avons tous une activité différente maintenant. C’est toujours un plaisir de retrouver des gars comme Manu Amoros, Carlos Mozer, Bernard Pardo, Jean Pierre aussi !
Trouves-tu que le club fait une place suffisante aux anciennes gloires ?
Déjà l’OM Star Club c’est une initiative intéressante, tous les clubs n’ont pas ce genre d’organisation. Après c’est la mentalité française qui joue… Autant à l’étranger on a de la reconnaissance pour les anciens, autant en France on oublie vite le passé.
Tu as entraîné l’OM pendant 6 mois, as tu des regrets suite à cette courte expérience ?
Des regrets, non, car c’était une période et des conditions difficiles pour coacher cette équipe. Difficile car mon prédécesseur m’a mis des bâtons dans les roues. C’était quand même une bonne expérience dont j’ai tiré beaucoup de positif.
Dans quelles conditions ton départ a-t-il été effectué ?
Oui, vous savez dans tous les clubs quand un entraîneur est viré, ça se termine aux Prud’hommes. Mais tout s’est réglé à l’amiable par la suite, je n’ai aucun souci avec l’OM aujourd’hui. Certaines personnes sont montées au créneau mais elles avaient déjà des problèmes avec la justice. A partir de ce moment là, avant de s’occuper des affaires des autres il valait mieux qu’elles s’occupent de leur propre cas… Mais je n’en veux à personne, j’ai toujours fait mon boulot en tant que joueur puis en tant qu’entraîneur, sur la mentalité personne ne peut me reprocher quoi que ce soit. Je peux regarder les gens en face, je ne baisse les yeux devant personne, et ce n’est pas le cas de tout le monde.
Quels sont les ingrédients pour réussir sur le banc de l’OM ?
Il faut voir comment est géré le club, et par qui il est dirigé. Il y a un moment que je suis parti, je vis à Bastia, donc je ne sais pas exactement ce qui se passe dans le club. C’est difficile de savoir pourquoi l’OM ne tourne pas bien. A mon époque c’était difficile pour un entraîneur de travailler dans de bonnes conditions. Sans le vivre au quotidien, je ne peux pas te dire si c’est toujours le cas ou pas. J’apprends les choses par les journaux ou à la radio, je ne peux pas émettre des jugements sur l’OM. Ce qui est dommage, c’est qu’il y a une bonne équipe, capable de rivaliser avec Lyon. On fait peut-être croire aux gens qu’on prend des grands joueurs, alors qu’ils ne sont pas aussi grands qu’on le dit.
Que penses tu de l’arrivée de E. Gerets et de l’éviction d’Albert Emon ?
Je connais bien Albert, c’est un ami. Je pense qu’il a fait comme il a pu. Il est comme tous les entraîneurs, tributaire des résultats. L’année dernière il a eu de bons résultats, cette année c’était plus difficile. J’aimerais voir l’OM au meilleur niveau, ce club me tient à coeur. Mais ce n’est pas mon rôle de juger la performance des entraîneurs, car je ne suis pas à l’OM au quotidien.
As-tu suivi le parcours des olympiens en L1 et Ligue des Champions ? Comment expliquer ces belles performances par rapport au championnat ?
Le match à Liverpool, c’était super ! Mais c’est ce genre de performance qu’il faut renouveler en championnat. Un équilibre, autant physique que mental, c’est tellement fragile. Peut être que les gars se surpassent en coupe d’Europe et qu’ils ont du mal à enchaîner derrière. C’est vrai que de les voir dans les 3 dernières places, ça fait mal quand on voit le niveau du championnat de France. Quand on voit Nancy premier de L1, et qui le mérite, ça fait mal de voir l’OM à 15 points du peloton de tête…
Quel joueur olympien aimerais tu voir évoluer sous tes ordres du côté de Bastia ?
Sincèrement, je ne sais pas trop. Il y a beaucoup de bons joueurs à l’Olympique de Marseille, mais pour ce club tout est différent, il faut devenir un grand joueur. Pour Benoît Cheyrou par exemple, évoluer à Lille ou Auxerre c’est une chose. Porter le maillot de l’OM c’est un contexte tout à fait différent ! C’est pour ça que ce que fait Nancy c’est très bien, mais les trois meilleurs joueurs de Nancy, tu les mets à l’OM je ne suis pas certain qu’ils aient le même rendement ! Mais pour revenir à ta question, j’aimerais les avoir tous avec moi. Si je devais en sortir un du lot, je dirais Samir Nasri.
Et à l’inverse, si tu devais conseiller un joueur bastiais aux recruteurs olympiens ?
Chez nous il y a quelques bons jeunes qui poussent. Mais il y a un joueur assez méconnu qui mériterait d’évoluer parmi l’élite, c’est Fabrice Jau. Il aurait largement sa place en L1.
Avec Bastia, vous êtes actuellement 8ème de L2, à 4 points seulement du 3ème. La montée est elle une priorité du club ?
Non. L’objectif c’est le meilleur classement possible, après on verra. Tu sais on a été sous le contrôle de la DNCG, nous n’avons pas recruté comme on aurait aimé le faire. Mais ça ne nous a pas empêché de faire un recrutement judicieux, et d’être compétitif tout en faisant confiance aux jeunes. Sur le contenu de nos matchs on mériterait d’avoir 5 ou 6 points de plus, on serait dans les 3 premiers. A nous d’être plus réguliers et plus concentrés.
La Corse n’a plus de représentant parmi l’élite. Comment expliquer les difficultés rencontrées par le foot insulaire ?
C’est vrai que les descentes successives de Bastia et d’Ajaccio ont fait mal au football corse. Les données économiques sont de plus en plus difficiles, et l’image mitigée du foot ici repousse certainement les sponsors. Mais Bastia, de part l’histoire de ce club, pourrait trouver sa place en L1, et mériterait d’y figurer. Le club se structure, se remet à niveau financièrement, c’est la première étape.
Quels seront tes objectifs lors du match amical entre l’OM et Bastia samedi ?
C’est important de rencontrer une équipe de Ligue 1, qui plus est l’Olympique de Marseille. L’OM reste toujours l’OM ! Mais nous allons essayer de faire un bon match, faire quelques essais, et continuer à travailler et à progresser. Cela va permettre de s’étalonner face à une équipe de l’élite, et de voir évoluer mes joueurs un cran au dessus.
Pour finir, un petit mot à l’attention des supporters marseillais ?
Les supporters se passionnent pour les résultats, mais c’est dans les moments difficiles que l’on voit ses vrais supporters, que l’on a le plus besoin d’eux. Faites preuve de patience, l’OM a de bons joueurs, les résultats viendront !
Merci pour tout Bernard, bon match demain, et bonne continuation pour la suite de la saison.
Merci à vous aussi, à bientôt !