Il n’est nul besoin d’être un expert en ballon rond pour analyser les effets d’une victoire. Celle obtenue mardi face au Besiktas Istanbul a permis à tout un groupe de passer une semaine plutôt sereine. Il n’y a en effet pas meilleur médicament, pour une équipe malade, que de marquer des buts sans en encaisser. Ce succès européen aura aidé les olympiens pour travailler dans la sérénité et à Albert Emon de souffler un peu. Essentiel, en ces moments troubles, même si la presse aurait préféré faire ses choux gras d’une défaite face aux stambouliotes. L’équipe qui nous accueille n’aura pas eu l’occasion d’améliorer en coupe d’Europe un quotidien hexagonal tout aussi difficile. L’AJA est mal en point, espérons que Jean Fernandez ne trouvera pas l’antidote tout de suite, car l’OM n’a plus de temps à perdre sur la voie de la guérison.
Malgré des symptômes identiques, Auxerre et Marseille ne se trouvent pourtant pas dans cette situation compliquée pour les mêmes raisons. Là où l’OM a recruté beaucoup mais ne trouve pas la bonne formule dans un onze bancal, les bourguignons ont eux vendu tout leur talent valorisable pour ne pas le réinjecter dans un recrutement digne de ce nom. Albert Emon peut être tenu en partie responsable de la morosité phocéenne, car le talent est présent, mais la bonne alchimie tarde à se mettre en place. Pour Jeannot, c’est bien différent… Comment les dirigeants auxerrois pourraient-ils reprocher à leur technicien de ne pas faire gagner une équipe amputée cet été de Sagna, Kaboul, Akalé et bien entendu de son capitaine Benoît Cheyrou ?
Ce sont donc deux malades en voix de convalescence qui vont s’affronter, mais pas avec les mêmes médicaments, ni la même posologie employée. Si Marseille ne gagne pas, on risque de sortir le défibrillateur pour créer un électrochoc. Si les locaux ne perdent pas, cela sera certainement vu comme un état stationnaire, mais pas alarmant… Il serait triste de voir Jeannot viré suite à cette rencontre, car il reste une personne appréciée des supporters marseillais, et un fan olympien. Mais cela serait bien pire si Emon s’en allait, car ce ne sera pas pour voir Mourinho ou Capello débarquer sur la Canebière. Alors prions pour que l’OM prenne 3 points de plus au tensiomètre afin d’éviter que docteur Metsu vienne à notre chevet !
Hier soir, l’équipe de France de rugby se trouvait dans une situation similaire à celle des olympiens. Au pied du mur, après un départ raté et une victoire acquise face à une équipe largement à leur portée. Certes l’AJA n’est pas à la L1 ce qu’est l’Irlande au rugby mondial, et Benoît Pedretti n’est pas le Brian O’Driscoll du ballon rond. Mais il faudra livrer une rencontre sérieuse, avec l’abnégation d’un Cana – Betsen, la vitesse d’un Niang – Clerc, l’efficacité d’un Cissé – Elissalde et la puissance d’un Taiwo – Traille. L’en-but adverse sera bien évidemment la cible, et pour se faire il faudra éviter d’avoir les pieds carrés car le ballon n’est pas oval. Ce ne sera pas un dîner aux chandelles à l’Abbé Deschamps, c’est pourquoi les phocéens partent en conquête. Aplatir les velléités auxerroises et vaincre, voilà la mission. Gagner, ou prendre la porte…
L’OM va donc ouvrir cette neuvième journée de championnat sous le signe de la guérison. Le pronostic vital n’est pas réservé, mais le rejet de cette greffe de succès pourrait bien engendrer un cancer généralisé des espoirs olympiens. Avant d’entamer une cure de dix jours pour requinquer le physique et le moral, Albert Emon et ses hommes n’ont pas le choix. Il faut que le bilan comptable soit positif avant d’envisager des jours meilleurs. Etre maintenu sous assistance respiratoire n’est guère viable à long terme. Arrachons donc cette perfusion de médiocrité et éradiquons cette tumeur de déception. Il y a urgence…