Marcelino pense que l’OM régresse à cause de ses « supporters radicaux »

Quelques semaines après sa démission, Marcelino s’est longuement exprimé sur son départ de l’OM. L’Espagnol a eu des mots très durs sur l’environnement marseillais.

Marcelino OM Marseille © Icon Sport

Le 19 septembre, Marcelino a annoncé son départ de l’OM. Sa décision a fait suite à une réunion entre les dirigeants et les leaders des groupes de supporters, dont certains auraient proféré des menaces contre les premiers (une enquête est en cours). Le technicien n’y a pas assisté, mais Pablo Longoria l’a immédiatement contacté pour lui expliquer la situation. Les deux hommes ont discuté plus longuement le lendemain matin.

« Nous avons parlé avant la séance, puis nous nous sommes encore longuement réunis le soir. Avant l’entraînement du mardi, la décision était prise, de sa part et de la nôtre. Elle impliquait Pablo et le reste des dirigeants. Ils ne pouvaient accepter, en aucun cas, ce type de menaces, ni continuer à travailler dans cette situation », a-t-il expliqué à L’Équipe. L’Espagnol assure n’avoir pas pris de décision individuelle : « Je n’ai pas pris la décision de partir, ce fut une décision générale, étant donné les menaces absolument répréhensibles. »

« Ces événements déplorables démontrent que ce n’est pas un club aussi grand que ce qu’il voudrait être »

Le natif de Villaviciosa est remonté : « Jamais je n’accepterai des menaces dans le cadre de mon travail. Mon métier me passionne, je prends des décisions en tant qu’entraîneur, et j’assume toujours mes responsabilités. Mais personne, ni dirigeants, ni supporters, ni journalistes, ni joueurs ne pourront influencer mes décisions. » Le technicien se dit « très en colère, déçu et triste » : « Nous avions mis tout notre enthousiasme pour développer un projet super attractif, dans un grand club. En tout cas, on pensait que c’était un grand club dans tous les sens du terme, mais ces événements déplorables démontrent que ce n’est pas un club aussi grand que ce qu’il voudrait être. Certains supporters radicaux qui veulent influer en permanence sur les événements l’empêchent d’être un grand club. »

Et d’ajouter : « J’ai fait vingt ans comme entraîneur, et presque vingt ans comme joueur professionnel auparavant, et je n’avais jamais vu cela de ma vie. Et je pense que je ne le verrai plus. En tout cas, je l’espère vraiment. C’est une façon de procéder qui est très loin de ce que doit être la réalité, en 2023, dans un pays civilisé. Le football, c’est de la passion, d’accord, mais il y a des limites. »

« C’est un club où créer un projet est absolument impossible. Parce qu’un club aussi grand ne peut pas être manipulé par quelques-uns »

L’Asturien ne connaît pas les raisons pour lesquelles Pablo Longoria et d’autres ont décidé de rester. Son départ était déjà acté, au moment où le président a fait volte-face : « Quand Pablo a décidé de continuer, il s’était passé trois ou quatre jours, ce n’était pas le lendemain. Nous avions déjà signé les documents et plusieurs membres de mon staff étaient déjà partis. Nous n’avions pas de possibilité de revenir, surtout parce que, dans cette ambiance de menaces, même si moi je n’ai pas peur, tu ne sais pas quelle sera la prochaine étape. »

Il n’en reste pas moins très remonté : « Nous sommes arrivés avec le plan d’un projet de deux ans pour ce club et soudain tout ce travail, tous ces efforts, toute cette énergie ont été balayés par quelque chose de complètement irrationnel. » Marcelino considère qu’il n’est pas possible de travailler à l’OM. Ses mots sont très durs : « Mon expérience très courte me fait penser que c’est un club où créer un projet est absolument impossible. Parce qu’un club aussi grand ne peut pas être manipulé par quelques-uns. Les clubs sérieux sont dirigés par le haut, et chaque problème, chaque situation est gérée et sanctionnée, si besoin. Les supporters sont des supporters, ils transmettent de la passion et ils sont nécessaires. Vivre les matchs à domicile au Vélodrome, c’est magique, vraiment, c’est différent de tout ce que j’ai vécu. Donc les supporters encouragent, les dirigeants travaillent et, à la fin de la saison, on fait les comptes. Mais pas après deux mois. Cela semble vouloir dire que tout a été orchestré bien en amont. Les clubs doivent évoluer, pas régresser. Et l’OM, comme le montrent les résultats depuis un bout de temps, est un club qui, au lieu d’évoluer, régresse. »

S’il assure n’avoir jamais reçu de menaces personnellement, l’Espagnol n’a pour autant pas bien vécu cet épisode : « Je vais mieux qu’il y a trois semaines, mais moi comme mon staff sommes encore en colère, parce qu’on ne nous a pas laissés travailler. C’était une situation irréelle et étouffante. Ces supporters radicaux ont une telle influence, et je suis convaincu que la majorité des supporters pense différemment, qu’elle est même complètement opposée à cette manière d’agir. Mais c’est quelque chose qu’on a laissé faire pendant des années. Et c’est difficile de l’éradiquer, aujourd’hui. Je ne sais pas si tout est fait pour. »

Marcelino n’a passé que 7 matchs sur le banc de l’OM. Il en a remporté 2, concédé 3 nuls et 2 défaites. Il n’a bien sûr pas bénéficié de suffisamment de temps pour qu’on puisse évaluer son travail.

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