26 mai 1993 : les émouvants souvenirs de Di Meco

Eric Di Meco a confié ses souvenirs du 26 mai 1993. L’ancien latéral gauche semble s’en souvenir comme si c’était hier…

Di Meco et l'OM en 1993

Onze guerriers. Ce 26 mai 1993, les Marseillais sont entrés sur la pelouse de l’Olympiastadion plus motivés que jamais. Eric Di Meco n’a rien oublié.

Interrogé par La Provence, l’ancien faucheur de Ligue 1 s’est remémoré le succès obtenu en Ligue des Champions. Le premier pour le football français : « Si je me replonge à ce moment-là, je me dis que c’est miraculeux, tant l’intersaison et le début de saison ont été compliqués. Je n’aurais pas imaginé qu’on puisse la gagner cette année-là. Il y a eu Furiani, l’équipe de France qui se vautre à l’Euro, les départs des tauliers comme Jean-Pierre (Papin), Chris (Waddle), Carlos (Mozer), puis Jean Fernandez qui reprend l’équipe et c’est un peu grâce à lui que je reste à l’OM. Au début, nous avons du mal à trouver l’équipe type, le style de jeu. On galère en championnat, la préparation n’est pas celle d’un futur champion d’Europe, en ayant perdu les joueurs que nous avons perdus », s’est-il souvenu.

Mais un nouveau groupe s’est progressivement construit. Avec de nouveaux leaders. Basile Boli a appris à faire sans Carlos Mozer en défense. Didier Deschamps et Franck Sauzée ont pris plus de responsabilités. Rudy Völler a apporté son expérience. L’OM est finalement parvenu à terminer à la première place de son groupe en Ligue des Champions, devant les Glasgow Rangers qui lui ont donné du fil à retordre.

« Le Milan AC ne craignait personne, mais… »

Le groupe phocéen a mieux préparé l’événement qu’en 1991, où il s’était incliné face à l’Étoile Rouge de Belgrade en finale : « Totalement à l’opposé. À Bari, nous étions calfeutrés dans un bunker, nous n’avions pas croisé la presse. Bernard Tapie s’est rendu compte que cela avait été improductif. Donc, en 1993, nous nous retrouvons comme au Club Med. C’était ouvert, à la campagne, la presse venait, Chris (Waddle) est venu, Bernard Tapie s’est entraîné avec nous, le buffet était dehors au soleil, parce qu’en plus, il faisait beau. Nous avons mieux vécu la préparation de la finale qu’en 1991. Basile (Boli) a fait l’andouille comme souvent. »

Ce soir du 26 mai, l’OM faisait face au grand Milan AC. Invaincu durant la plus grande partie de la saison, le club rossonero, propriété de Silvio Berlusconi, était le plus riche de l’époque. Son effectif était incomparable. Mais s’il y avait un club que les Milanais pouvaient craindre, c’était l’OM, qui les avait éliminés deux ans auparavant : « Avec tout ce qui s’était passé en 1991, la suspension du Milan AC de coupes d’Europe, ils devaient l’être, mais je ne l’ai jamais ressenti. J’ai plutôt senti non pas une crainte, car le Milan AC ne craignait personne, mais que nous les emmerdions. Nous voulions un peu leur ressembler, à travers la révolution initiée par Arrigo Sacchi, avec la défense alignée très haute, Raymond voulait qu’on joue ainsi, très haut. Mais quand je me suis retrouvé dans le tunnel, à San Siro en 1991 à côté de Gullit et Rijkaard, 1,90m, 1,95m, c’était la première fois que j’ai été impressionné et je me suis promis de ne plus jamais baisser les yeux. À Munich, sous le tunnel, on a senti que les mecs ne nous prenaient plus de haut. Plutôt une grosse méfiance mutuelle », s’est-il souvenu.

« Papin avait expliqué qu’il savait comment me faire péter les plombs »

Eric Di Meco était positionné pour s’occuper de Jean-Pierre Papin. Dans le cas où il jouerait (mais les règles de l’époque empêchaient Capello de mettre plus de 3 joueurs non-italiens sur la pelouse) : « Il y avait un doute sur sa participation. Dans notre esprit, nous pensions qu’ils n’allaient pas faire la connerie de l’OM en 1991, en ne faisant pas jouer Pixie Stojkovic contre son ancienne équipe, l’Étoile Rouge de Belgrade. Je m’étais donc préparé à le rencontrer. En plus, dans L’Équipe Magazine, il avait expliqué que s’il jouait, il savait comment me faire péter les plombs. Or, il ne faut pas me lancer de défi… Le fait qu’il ne soit pas sur le terrain au coup d’envoi, ça m’a soulagé. On connaît trop les histoires d’anciens qui marquent contre leur ancien club. Jean-Pierre, pour moi, c’était un épouvantail, par ses qualités de buteur et la hargne qu’il allait mettre. »

Il a suffi d’un petit but pour que l’OM l’emporte. Le temps s’est écoulé terriblement lentement. Après le coup de sifflet final, les Olympiens ont explosé de joie : « C’est spécial. On se rend compte de ce qu’on est en train de faire, que la fin approche. J’ai passé les dernières minutes à me dire qu’on est en train d’accomplir le truc d’une vie, mais que ce n’est pas fini. Alors, quand est-ce qu’il siffle ? Je regardais l’arbitre, parce que c’était interminable. Il siffle la fin sur une touche où je suis concentré sur un adversaire, le seul moment où je ne le regarde pas. Je l’entends. J’ai toujours cru que j’étais tombé à la renverse sur le terrain, mais en revoyant les images, non. Je suis comme un con, fatigué, sans savoir comment vivre ça. Je lève les bras, je cherche les copains. »

Trente ans depuis cet exploit. Et l’OM n’a pour l’instant pas retrouvé son niveau d’alors. Le football a bien changé. Mais l’étoile est là, brodée au-dessus du logo emblématique.

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