Depuis son accession à la présidence de l’UEFA, Michel Platini a régulièrement affirmé sa volonté de lutter contre la concurrence déloyale exercée par les propriétaires qui réalisent des investissements disproportionnés aux capacités économiques « réelles » de leur club. De telles situations faisaient courir le risque d’une bulle spéculative dans le football, et déconnectaient totalement la puissance financière ponctuelle d’un club de sa valeur sportive durable. Il convenait donc, selon Platini, de réglementer l’usage des déficits, à l’image de ce que fait en France la Direction Nationale de Contrôle de Gestion (DNCG) ; ce qui permettrait d’ailleurs à terme de mettre sur un pied d’égalité, au moins sur le plan légal, les clubs des différents championnats européens.
La solution adoptée par l’UEFA se résume au slogan bien vague du « fair-play financier », qui vise à éviter les investissements ponctuels pour favoriser les engagements rentables et durables. L’idée est qu’un club ne pourra pas dépenser plus que ce qu’il gagne sur une période donnée.
Sinon ? La sanction pourrait aller, à partir de 2014, jusqu’à l’exclusion des compétitions européennes.
Michel Platini explique l’idée directrice de la mesure : « nous avons travaillé sur le concept de fair-play financier en étroite coopération avec les clubs. Notre intention n’est pas de les pénaliser, mais de les protéger. Nous avons un accord avec les clubs. L’idée est que les clubs ne peuvent pas dépenser plus d’argent qu’ils ne peuvent en générer« .
Un éloge de la gestion du « bon père de famille », qui sonne plutôt juste dans l’air du temps… La question qui demeure est cependant celle de la puissance de la sanction : l’UEFA aura-t-elle la force de refuser l’entrée en Ligue des Champions au Real Madrid ou à Manchester United en cas de déficit ?
On peut penser que, tant que chaque pays ne prendra pas des mesures plus dissuasives et plus effectives, le fair-play ne sera pas plus de mise au service comptable qu’il ne l’est sur le terrain.