À la veille de la rencontre capitale pour le haut du classement de L1 entre l’OM et Lyon, La Provence a décidé de faire jouer les premiers rôles au sympathique Jean-Michel Aulas, et de faire défiler les anciens présidents phocéens comme de vulgaires faire-valoir. Une manière de rendre hommage à la longévité du Lyonnais, sans doute…
Nous avions déjà évoqué ici les propos flatteurs de Bernard Tapie et de Christophe Bouchet ; c’est au tour de Pape Diouf, qui fut président de l’OM jusqu’en juillet dernier, de donner son sentiment sur ce personnage, avec qui il livra jadis de mémorables joutes verbales et des négociations serrées…
Contrairement à ses prédécesseurs, Diouf se montre bien mesuré dans l’enthousiasme, et prend la peine de peser le meilleur et le pire de l’animal. Ses atouts ? Avant tout sa pugnacité et sa présence : « il a quelque chose que j’apprécie chez lui : il défend son club bec et ongles. C’est aussi un homme qui connaît les règles du jeu, dans le sens où il attaque et critique beaucoup, mais il accepte de recevoir et d’encaisser les coups. … Il faut lui reconnaître une chose unique et rare : Aulas ne manque aucune séance de travail avec les instances. Il est partout et participe activement au débat d’idées ! » Mais le Sénégalais souligne aussi, de façon plus inattendue, le savoir-vivre d’Aulas : « lorsqu’on se rencontrait, on se disait bonjour avec courtoisie. D’ailleurs, c’est quelqu’un qui sait accueillir les gens. … Et puis, quand je suis parti de l’OM, il a été un des rares dans le métier à me témoigner son amitié. Je n’oublierai pas. »
Bien entendu, il revient également sur les passes d’armes échangées avec le président de l’OL, mais se montre orgueilleux et magnanime : « c’est vrai qu’on a eu des échanges aigres-doux. Mais après, si on se rencontrait, c’était comme si rien ne s’était passé. » Et prend plaisir à conclure : « en fin de compte, j’ai toujours fait plier Aulas (FAP, affaires Ribéry et Ben Arfa), contrairement à ce que les gens ont pensé. Malgré tout, ces échanges étaient savoureux. »
Mais ce serait mal connaître Diouf que de compter sur une série de compliments sans attendre le coup de pied de l’âne, qui finit par arriver en deux temps, lorsqu’il évoque la personnalité de Jean-Michel Aulas. Ainsi, s’il est froid c’est qu’il est « à l’image de sa ville, de son métier de vendeur d’ordinateurs ». Et son plus gros défaut ? « Menteur et bluffeur ! Avec lui, il y a toujours une différence entre ce qu’il dit et ce qu’il fait. Quand il vous dit quelque chose, il faut y croire à moitié… Voire ne pas y croire du tout ! »
Si l’on peut apprécier de retrouver dans cet entretien sa faconde sénégalaise, aujourd’hui remplacée par une sobriété toute parisienne à la tête de l’OM, on ne peut pas non plus oublier le dernier OM – Lyon, où Diouf avait su trouver les mots pour motiver… les Lyonnais !