Vente de l’OM : merci Vincent !

Cinq ans après avoir confié la présidence du club à Vincent Labrune, Margarita a officialisé la mise en vente de l’OM.

Vincent Labrune

Ce 13 avril 2016, l’explosion des bouchons de champagne s’est fait entendre un peu partout en France, et plus particulièrement sur les abords de la mar sarnèio. Vingt ans après le rachat par RLD pour un franc symbolique, cinq ans après la prise de fonctions de Vincent Labrune, la famille Louis-Dreyfus a officialisé la mise en vente de l’OM dans un communiqué. Par le biais d’une stratégie inadaptée, VLB n’est-il finalement pas parvenu à remettre le club sur de bons rails ?

Labrune, ce héros

Il n’est pas simple de trouver des circonstances atténuantes à Vincent Labrune pour expliquer la chute du club. Arrivé en 2011, l’ancien conseiller de RLD n’a eu de cesse de dénigrer le travail de ses prédécesseurs. Ce sont pourtant eux qui lui ont permis de démarrer sa présidence avec une participation en Ligue des Champions, un effectif qui tenait la route et des finances relativement saines. Il a également disposé de toute latitude pour mettre en place sa stratégie si décriée. Cela n’a pas suffi.

Les supporters marseillais ont toussé lorsque le président a résilié le contrat de Gabriel Heinze pour donner un salaire quasi équivalent à Alou Diarra. Ils ont avalé de travers lorsque Lucho González a été renvoyé à Porto en échange de la dernière annuité de son transfert (2 M€). Ils se sont étranglés lorsque André-Pierre Gignac et André Ayew, entre autres, sont partis libres à la fin de leur contrat. Enfin, ils se sont évanouis en voyant le tarif auquel le meilleur passeur clé d’Europe de la saison 2014-2015, Dimitri Payet, a été cédé à West Ham (15 M€)…

Ce qui devait arriver arriva. L’OM a battu quelques tristes records (le plus grand nombre de matchs sans victoire, le plus grand nombre de matchs nuls, la plus longue période au Vélodrome sans victoire, le plus petit nombre de points lors de la phase de poules de LdC…), a dégringolé au classement, s’est endetté jusqu’au cou et lutte aujourd’hui pour s’éloigner de la zone rouge de la Ligue 1. Rien de réjouissant. Néanmoins, cette gestion laborieuse a abouti à un dénouement extraordinaire et inespéré : la mise en vente du club !

Les repreneurs semblent se bousculer au portillon

Et, quoiqu’en pensent quelques journalistes qui clivent l’environnement du club marseillais sous un très sombre aspect, l’OM dispose de beaucoup d’atouts pour attirer les investisseurs : la passion qu’il engendre n’a pas d’égale dans l’hexagone, son potentiel en termes de merchandising et de sponsors est énorme et il dispose d’infrastructures de très haut niveau. Dans le courant de la semaine, quelques médias ont annoncé que trois propositions sérieuses étaient déjà sur le bureau de Margarita, résultat d’une sélection stricte opérée parmi plus d’une dizaine de candidats. Cela s’annonce donc plutôt bien. Avant tout, il faut rappeler que les supporters attendent l’arrivée d’un patron aux antipodes du président actuel, disposant d’une forte poigne, ayant une bonne connaissance du football et de l’histoire du club, et disposé à occuper un poste à plein temps.

Légendes urbaines

Certains supporters estiment que les Louis-Dreyfus se sont servis de l’OM comme d’un levier pour promouvoir certaines de leurs filiales et que la réussite du club était secondaire, mais nous n’irons pas jusque-là. L’investissement de la richissime famille (qui a acquis le club en échange d’un franc symbolique) ne semble en tout cas pas être aussi important que veut bien le rapporter la rumeur. Dans une étude publiée en décembre 2015, OMForum a conclu que les LD n’avaient en réalité injecté que 89,5 M€ en augmentation de capital (essentiellement à la fin des années 1990) et 79,5 M€ en abandons de créances avec clause de retour à meilleure fortune (donc remboursables), depuis vingt ans. MLD évoque quant à elle un montant supérieur à 200 M€… Connaîtrons-nous un jour les chiffres exacts ?

Encore une fois, il est nécessaire de rappeler combien le Stade Vélodrome s’est assagi lors de la dernière décennie. Bien évidemment, l’ambiance ne ressemblera jamais (on l’espère) à celles, feutrées, de la Premier League ou du Parc des Princes. Mais en comparaison avec ce qui pouvait se produire au XXe siècle, la situation sportive critique n’a pas donné lieu à de gros débordements, hormis ces inscriptions sur la maison du président, et quelques chants virulents et banderoles assez drôles qui traduisent le sens de l’humour et la passion restés intacts de son public.

Quant aux coulisses troubles parfois dépeintes de façon théâtrale par certains employés de presse parisiens, on peut penser qu’elles sont autant alimentées par leur imaginaire et leur sens de la mise en scène que par le laxisme des patrons successifs. Pour rappel, l’affaire des comptes qui a conduit à la garde à vue des présidents marseillais concerne le monde des agents, et donc le football d’une manière générale, et non l’institution provençale. Ne soyez pas dupe, futur investisseur.

Hormis la parenthèse Marcelo Bielsa (qui n’a hélas pas disposé du loisir de choisir ses hommes lors du mercato 2014) et le quart de finale de l’équipe de Didier Deschamps, le passage de VLB n’a donné lieu qu’à de très rares réjouissances. Toutefois, c’est la politique de l’ancien conseiller de RLD qui a abouti au communiqué annonçant la mise sur le marché du club. On ne le remerciera donc jamais assez. Sans le faire exprès, à la façon d’un François Pignon dans La Chèvre, Vincent Labrune a rendu l’espérance aux fans découragés par les erreurs de gestion récurrentes des vingt dernières années. Souhaitons maintenant que le choix du futur propriétaire sera plus judicieux que celui effectué par Jean-Claude Gaudin, en 1996…

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