L’enquête des « transferts douteux », en voilà un sujet bien délicat. Pour un supporteur, il est toujours effrayant d’imaginer que des individus puissent détourner de l’argent des caisses de l’institution OM. Mais si cela est avéré, cela ne sera pas une première : Rolland Courbis est notamment passé par la case prison à la suite d’une affaire quelque peu similaire. Pour autant, le Canard Enchaîné ne s’enflamme-t-il pas un peu avec cette histoire ?
Les clichés ont la vie dure
Depuis quelques semaines, l’hebdomadaire plombe sans ménagement la réputation du club et de la ville en divulguant des informations, censées rester confidentielles, sur les « transferts douteux ». On ne peut d’ailleurs pas dire qu’il soit très soucieux de la présomption d’innocence des uns ou des autres, et il se laisse aller à des amalgames peu classieux. On s’est depuis longtemps fait à l’idée que l’Olympique de Marseille a la tronche du coupable idéal mais il y a fort à parier qu’il n’a pas l’exclusivité des transferts tumultueux générant de fortes commissions.
Notons que les faits relayés ne sont pas tout récents puisqu’ils remontent, pour la plupart, à la période 2009-2011. Difficile d’expliquer pourquoi ces éléments sont communiqués au média maintenant.
Est-ce bien sérieux ?
En outre, le tableau publié ce mercredi, censé donner une « estimation du préjudice » de l’OM, est étonnant. Par exemple, le Canard considère que le « montant détourné » sur le transfert d’André-Pierre Gignac est de 26,9 M€. Le journal (ou sa source) n’a-t-il pas confondu le montant total déboursé par le club pour acquérir l’attaquant (donc 26,9 M€) avec le préjudice ? Si tel était le cas, la conséquence serait que le chiffre de 64 M€, soi-disant « total du préjudice » et relayé par tous les médias, est surévalué.
D’autres chiffres, comme ceux qui concernent le transfert minoré de Ben Harfa (sic), interpellent. À sa sortie de garde à vue, Pape Diouf avait expliqué avoir servi de « pédagogue » à des policiers qui ne « comprenaient pas comment se faisait le recrutement » d’un club de football. Selon lui, ils se renseignaient sur la valeur des joueurs par le biais du site allemand Transfermarkt. Espérons que c’était de l’humour.
Nous ne saluerons jamais suffisamment les initiatives visant à rendre plus transparents les business liés à l’activité du football. Souhaitons que cette enquête, qui a déjà beaucoup nui à l’image de l’OM, ne se limitera pas à nous apprendre que quelques dirigeants se sont fait avoir sur des transferts. Ce qui est évident, c’est que les publications du Canard tombent à point pour effrayer les racheteurs potentiels du club…