OM : les règles d’or d’un mercato réussi

Un beau mercato ne garantit pas une belle saison. A contrario, les mauvais résultats suivent fatalement un marché des transferts manqué. L’exercice écoulé n’en est que trop représentatif. Le timing du changement de dirigeants est tardif et nous rappelle combien l’ère Louis-Dreyfus restera le symbole de la mise en application de tout ce qu’il ne faut pas faire.

Gunter Jacob

Espérons maintenant que Gunter Jacob et Giovanni Ciccolunghi sauront rapidement prendre leur marque à la Commanderie. S’ils n’ont pas pu étudier en profondeur le travail (et notamment les erreurs) réalisé par leurs prédécesseurs, voici les règles (non exhaustives) qu’il est important de respecter, selon nous :

Anticiper le recrutement
Pour éviter de perdre du temps ou de se faire chiper les bonnes affaires, les dirigeants doivent établir leur short-list le plus tôt possible, voire même d’avoir un exercice d’avance dans ce domaine. Il est nécessaire de pouvoir s’appuyer sur une cellule de recrutement compétente et composée de suffisamment de personnes pour couvrir tous la plupart des territoires. À sa décharge, elle n’a été que peu suivie par Vincent Labrune, ces dernières saisons.

Recruter un max avant la reprise de l’entraînement
La clé d’une saison réussie se situe dans la préparation. Le coach doit profiter de ces moments pour préparer son équipe, tant en ce qui concerne les domaines athlétiques et tactiques, qu’en matière de cohésion de groupe. Les stages mal gérés, avec un effectif incomplet, sont généralement synonymes de démarrage manqué et donc de saison compliquée. Il y a également fort à parier que les recrues arrivées après la préparation accusent le coup physiquement, durant la saison.

S’intéresser à l’état d’esprit et au mental du joueur
La pression inhérente au contexte marseillais n’a pas d’équivalent en France. Il est important de mesurer la capacité d’adaptation des recrues et leur force de caractère. Des cadres de vestiaires tels Lorik Cana ou Gabriel Heinze sont un plus, tant leur haine de la défaite les conduit à tirer le groupe derrière eux. Les nouveaux joueurs doivent également avoir conscience des sacrifices qu’implique une carrière de footballeur professionnel et être à même de s’intégrer dans l’équipe.

Ne pas tout chambouler et s’appuyer sur les cadres
Rares sont les équipes qui sont parvenues à se remettre d’un marché des transferts trop agités. La saison dernière en est l’exemple parfait. Vincent Labrune a laissé partir plusieurs cadres et multiplié les mutations (15 arrivées, pour 16 départs). Les prêts ne favorisent pas non plus l’implication à long terme des joueurs. Malheureusement, c’est rappé pour cet été puisque l’effectif a déjà été chamboulé en profondeur.

Laisser le moins de joueurs possible partir en fin de contrat
La terrible gestion des fins de contrat est l’une des principales caractéristiques de la présidence de Vincent Labrune. On peut d’ailleurs imaginer que c’est ce dont on se souviendra, dans dix ans. Les déficits colossaux successifs connus par l’OM ne sont-ils pas directement liés à ces départs « sans contrepartie » ? Pour que le club reste en position de force, les prolongations doivent être conclues au plus tard deux ans avant le terme du contrat des joueurs. Si ce n’est pas le cas, il faut les transférer immédiatement.

Ne pas subir la loi des joueurs
Le cas Lassana Diarra rappelle les épisodes Franck Ribéry, Mamadou Niang and Co. Il s’agit bien sûr d’anticiper ces problèmes en rencontrant, autant qu’il est possible, les joueurs en fin de saison pour connaître leur état d’esprit. La situation du milieu de terrain de l’équipe de France semblait inévitable, compte tenu des promesses inconsidérées qui semblent avoir été faites lors de sa venue (sa liberté de rejoindre un autre club gratuitement, ou encore le paiement de son amende, Ndlr).

Diarra

Ne pas changer de dirigeants en cours de route
En cas de modification d’organigramme, on peut penser qu’il faut agir au plus vite après la fin de la saison, de manière à ce que les nouveaux dirigeants disposent de temps pour travailler sur le recrutement. En mettant autant de temps à remplacer VLB, MLD a maintenu le flou sur la situation du club et nécessairement retardé le recrutement. Elle a ainsi hypothéqué les chances de bien figurer en début de saison.

Disposer d’hommes de confiance connaissant les us et coutumes du foot
Pas besoin d’épiloguer sur la nécessité d’avoir un président et un directeur sportif honnêtes. Depuis 1996, on note également que de nombreuses catastrophes auraient pu être évitées en choisissant des hommes disposant d’une expérience dans le football. Les lacunes d’Yves Marchand, Jean-Claude Dassier ou Vincent Labrune ont eu un impact cataclysmique sur l’OM. Elles ont fait la part belle aux clauses préjudiciables, primes excessives aux résultats, et autres stratégies irresponsables.

S’appuyer sur la culture de l’institution
La richesse de la culture de l’OM n’a d’équivalent que la passion qu’elle engendre. Pourquoi vouloir imiter les autres, alors qu’on dispose d’une histoire sans équivalent en France ? Il est essentiel de conserver des joueurs capables de transmettre le flambeau, de génération en génération. Dans cette optique, le départ de Steve Mandanda est un gros coup dur. Le mercato estival 2015 a aussi montré (comme ceux du début des années 2000) qu’un recrutement trop exotique ne menait nulle part.

Ne pas prendre des risques inconsidérés
L’OM, qui a connu son lot de déficits pour la décennie avec VLB, ne dispose pas d’une grosse marge de manoeuvre financière. En attendant l’arrivée d’un investisseur ambitieux et/ou de nouvelles participations à la Ligue des Champions, les dirigeants ne peuvent pas se permettre de prendre des risques importants. En conséquence, comme en 2005, tout est à reprendre à zéro. Il faudra être plus malin que les rivaux pour espérer faire quelques bons résultats cette année.

Être à l’écoute de l’entraîneur
Quelle saison aurait fait l’OM, en 2014-2015, si VLB avait écouté Marcelo Bielsa et recruté Gary Medel ou Ever Banega à la place de Matheus Doria ? Bien sûr, ils ne jouent pas au même poste. Néanmoins, l’Argentin avait pris conscience que le Brésilien ne valait pas les 10 millions d’euros investis pour le recruter. Sans revenir dans le détail sur le lourd dossier de l’ex-président marseillais, il semble évident que le départ de l’Argentin est aussi lié à quelques décisions prises sans son aval, comme le départ de Dimitri Payet.

Bien lire les astérisques dans les contrats et ne pas être trop pressé à la revente
L’OM n’a jamais fait de plus mauvaises affaires que lorsqu’il était pressé de rembourser son déficit ou de se séparer de ses gros salaires. Dimitri Payet vaut aujourd’hui 60 millions d’euros, alors qu’il a été bradé, l’été dernier, 15 millions d’euros. Quant à Michy Batshuayi, seuls 26 millions d’euros, sur les 40 millions d’euros de sa vente, reviendront au club marseillais. Le Standard de Liège était effectivement parvenu à négocier un pourcentage aberrant à la revente…

Rendre les supporteurs fiers de leur équipe
Compte tenu de la tournure prise par les événements, cet été, on peine à croire que l’équipe de Franck Passi soit en mesure de viser les premières places, cette saison. Les dirigeants doivent néanmoins prendre conscience qu’outre le talent, ce sont les notions de courage, de solidarité et de don de soi qui peuvent rendre fiers les supporteurs marseillais.. Ces derniers attendent des joueurs dont les dents racleront la pelouse et qui afficheront la grinta emblématique du club.

Il est bien sûr plus facile de coucher tout ça sur papier que de l’appliquer depuis des postes aussi exposés que ceux de directeur sportif ou président de l’OM. Souhaitons la bienvenue à nos nouveaux dirigeants, en espérant qu’ils sauront prendre des décisions pleines de bon sens et privilégier les bons rapports humains, tant avec les joueurs que les supporters.

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