Bilan : les bienfaits d’un mercato calme

Un départ, zéro recrue. Les dirigeants de l’OM ont misé sur la stabilité, lors du mercato hivernal. L’histoire olympienne tend à démontrer que cette politique conduit rarement à des déceptions. Elle pourrait même contribuer à l’amélioration des résultats phocéens.

Jacques-Henri Eyraud et Andoni Zubizarreta

L’équipe a encore besoin de temps

Dans les périodes de mercato, la multiplication des mouvements augmente le risque d’implosion. Elle complique l’adaptation et met en péril la cohésion. Certains grands clubs européens l’ont appris à leurs dépens, cette saison ou les précédentes. On pense au Milan AC, à l’Inter Milan, ou encore Valence, dont les investissements n’ont pas porté leurs fruits immédiatement. Il est d’ailleurs intéressant de constater que c’est au moment où Nerazzurri et Valenciens ont été contraints de freiner les dépenses (Fair-play Financier oblige) qu’ils ont commencé à obtenir des résultats. Car l’addition des talents ne suffit pas à élaborer à une équipe compétitive : le développement des automatismes et des affinités peut nécessiter des mois, voire des années.

13 des 23 joueurs qui composent l’effectif de Rudi Garcia l’ont intégré (ou réintégré) en 2017. Une proportion très importante qui explique certainement les difficultés rencontrées en début de saison. L’équipe phocéenne n’est constituée que depuis cinq mois et n’a assurément pas atteint son rendement optimal. On peut imaginer que le recrutement d’éléments déjà passés par le club (Steve Mandanda ou Dimitri Payet), voire qui connaissent bien le contexte (Adil Rami ou Valère Germain), avait pour dessein de limiter les délais d’acclimatation.

Laisser la place aux jeunes

L’OM ne peut se prévaloir d’un projet de développement de sa formation et ne laisser aucune place à ses minots, comme c’est le cas chez certains de ses rivaux. Concrètement, recruter un latéral supplémentaire aurait réduit les chances de Christopher Rocchia (19 ans) de figurer dans le groupe, et donc d’engranger de l’expérience. Cela aurait également barré la route à l’étonnant Bouna Sarr (26 ans).

Le raisonnement est le même pour Boubacar Kamara (18 ans) et Frank Zambo Anguissa (22 ans), dans l’axe du terrain. Pour continuer à progresser, le premier va devoir bénéficier de temps de jeu. Quant au second, il laisse entrevoir un énorme potentiel. Il a besoin de jouer pour s’améliorer et gagner en constance. Le retour d’un William Vainqueur (29 ans), ou le recrutement d’un autre milieu défensif, aurait pu casser leur dynamique.

Enfin, l’arrivée d’un nouvel attaquant aurait pu engendrer de nouveaux problèmes de confiance et briser quelques-unes des certitudes de Rudi Garcia, dans le secteur offensif.

La notion de sport collectif

Le projet mis en application par les dirigeants phocéens n’est pas lié à la présence d’un « grantattakan ». Comme toujours à l’OM, l’équipe est la star : et elle marque beaucoup de buts, cette saison. 47 buts en 23 journées de championnat, c’est plus que toutes les équipes phocéennes des trente dernières années, y compris celles dans lesquelles évoluait le phénoménal Christophe Dugarry. Cela ne l’empêche pourtant pas de cracher son venin sur les attaquants olympiens. Et tout particulièrement sur Kostas Mitroglou (28 ans).

L’impatience tend à faire oublier que l’essence de notre sport est collective, et non individuelle. La difficulté du travail de Rudi Garcia réside dans la quête de l’amalgame, de l’harmonie technique et psychique. Et qu’il soit grec, camerounais ou français, le numéro neuf ne constitue qu’un des maillons de la chaîne. Quand il ne trouve pas la faille, c’est son travail de harcèlement et ses déplacements qui vont permettre à ses coéquipiers de bénéficier de brèches.

L’OM est le club qui a pris le plus de points, après le PSG, depuis la déroute rennaise (5e journée). Il est donc déjà compétitif. Recruter de nouveaux joueurs impliquerait de reprendre à zéro la mission « intégration ». Or les quelques éléments qui ne sont pas encore en confiance ont déjà prouvé ailleurs qu’ils avaient le niveau international. Cette stabilité équivaut à un encouragement qui devrait permettre au groupe de progresser et d’obtenir de meilleurs résultats.

D’accord ? Pas d’accord ? À vos claviers !

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