Exclu FM, Courbis : « 1999 ? On savait que le PSG allait laisser gagner Bordeaux »

Dans la suite de notre interview exclusive avec Rolland Courbis, le natif de Marseille s’est confié sur cette cruelle fin de saison 1999 et sur son départ au début de l’exercice suivant.

Rolland Courbis

Footmarseille : Un malheur n’arrivant jamais seul, vous laissez votre fauteuil de leader à Bordeaux à trois journées de la fin après cette finale perdue. Quand est-ce que vous avez eu le sentiment de perdre le titre ?

Rolland Courbis : On l’a perdu dans le courant de la saison, dans la double confrontation contre Bordeaux. À l’aller, Diawara égalise dans les dernières minutes et au retour, nous perdons 4-1, dans un match où je place Luccin dans la zone de Benarbia parce que j’estime qu’il est le plus à même de lutter techniquement et tactiquement. Malheureusement, Benarbia lui met une semelle d’entrée et Luccin n’ose pas me dire qu’il est amoindri. Résultat, on prend trois buts en vingt minutes dans sa zone. Et surtout, nous avons perdu le titre parce que nous sommes allés en finale de la Coupe UEFA, alors que Bordeaux a eu la bonne idée, comme je le dis ironiquement, d’en prendre six contre Parme. Trois jours après un match éprouvant à Bologne, nous craquons à Lens dans la dernière demi-heure.

FM : Lors de la dernière journée, le PSG offre le titre aux Girondins sur un plateau, Francis Llacer admettant quelques années plus tard, qu’au même titre que d’autres, il « n’avait pas tout donné » pour faire un résultat.

RC : Que le PSG laisse gagner Bordeaux, il n’y avait pas besoin d’embaucher Sherlock Holmes pour savoir que ça allait se passer comme ça. Il y a une image que je n’oublierai jamais, c’est lorsque Adailton égalise, qu’il va célébrer son but devant les supporters et se fait siffler. Il regarde derrière son épaule, à droite, puis à gauche et personne ne vient le féliciter. Beaucoup voulaient voir Bordeaux champion. Même à Nantes, pourtant censé être l’ennemi des Girondins, il y a eu une ovation lorsque le speaker a annoncé qu’ils étaient champions. Je me suis dit : « On est détesté et jalousé à ce point ? » J’ai eu le sentiment qu’on célébrait plus l’échec de l’OM que le titre bordelais.

FM : Malgré cette cruelle, mais tout de même belle, saison 98/99, vous quittez votre poste au mois de novembre alors que le club occupe la 9ème place… (il coupe)

RC : À ce moment-là, j’ai fait une grosse erreur de gestion de carrière, peut-être la plus importante. Je ne dois pas m’embarquer pour la saison d’après, c’est une décision que j’ai regrettée par la suite. J’aurais dû prendre du recul, digérer ces coups de marteau et ces scénarii à la con et revenir un an ou deux après, pourquoi pas à l’OM d’ailleurs. C’était l’année de trop et je trouve que lorsque l’on est joueur, entraîneur ou sélectionneur, c’est difficile de ne pas faire cette année de trop justement.

FM : En raison d’un manque de motivation ?

RC : Au contraire ! J’étais trop énervé et je me disais « allez, on va se venger ». Finalement, on change le préparateur physique, ce qui est une énorme connerie et on se retrouve avec 24 joueurs blessés dans les deux premiers mois. Comme je l’ai dit précédemment, à ce moment-là, j’aurais dû couper et souffler. Je me suis moi-même programmé le coup de pied au cul. Ajoutée à ça, la relation avec le président de l’époque Yves Marchand a aussi pesé dans la balance. Le point qui nous manque la saison d’avant change aussi beaucoup de choses dans l’équation.

FM : Est-il possible de construire dans la durée à Marseille ?

RC : Oui, je pense, mais il n’y aura jamais un Guy Roux marseillais. Ça, c’est tout simplement impossible, mais 3-4 ans, ça peut évidemment être possible et ça a failli l’être avec moi. Mais pour ça, il aurait fallu être champion. À Marseille, les supporters sont passionnés, dingos, tout ce qu’on veut, mais ils sont surtout compétents. 90% d’entre eux savent ce qu’est un bon joueur ou un bon entraîneur donc si tu enchaînes trois matchs nuls avec une équipe qui n’a pas dominé son sujet, ça commence à grincer et on pense que tu fatigues.

La première partie de l’entretien est à retrouver ici.

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