OM-Lyon, DTA : deux poids, deux mesures…

Dimanche soir, l’Olympique de Marseille a battu un Olympique Lyonnais pourtant en supériorité numérique pendant 30 longues minutes. Tous les observateurs, y compris Rudi Garcia, s’accordaient sur le fait qu’il était inconcevable de voir un Lyon incapable de bousculer une équipe pourtant en infériorité numérique. La conclusion était la suivante : Lyon avait bel et bien perdu ce match sur le terrain, face à un OM mordant, porté par tout un stade.

Pascal Garibian

De ce fait, durant l’après-match, lorsque Jean-Michel Aulas est venu face caméra pour dénoncer la pseudo-main de Morgan Sanson, il s’est fait directement éconduire par l’intégralité des consultants présents sur le plateau, qui n’ont pas manqué de lui rappeler que cette main était involontaire. Ainsi, dans l’obligation de mettre son groupe face à ses responsabilités, un invité « surprise » est venu mettre son grain de sel.

Intervention de la DTA : causes et conséquences

Deux jours plus tard, alors que les regards se portaient sur les prochaines échéances de l’Equipe de France, un individu a décidé de « remettre de l’huile sur le feu », et non des moindres : Pascal Garibian, le très haut placé Directeur Technique de l’Arbitrage français.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, rappelons déjà quels sont les motivations et objectifs de Monsieur Garibian. La DTA est une branche de la FFF (dont Jean-Michel Aulas est membre du nouveau Comité exécutif), ayant comme mission principale de gérer et protéger l’ensemble des arbitres du territoire national.

Maintenant que nous avons cela en tête, rappelons les faits. Pascal Garibian est donc intervenu au micro d’Europe 1 pour dénoncer une erreur manifeste d’arbitrage : le pénalty de Dimitri Payet aurait dû être annulé en raison d’une main évidente de Morgan Sanson.

Surréaliste, mais vrai. Le Directeur Technique de l’arbitrage s’est donc permis d’intervenir deux jours après le match pour désavouer un arbitre principal, un arbitre vidéo, et trois adjoints. Pascal Garibian a bel et bien remis en cause la compétence (ou l’intégrité) de cinq arbitres qualifiés, outrepassant, par conséquent, la mission principale de sa fonction : la protection des arbitres.

Regardons donc dans le passé proche et lointain, est-il coutumier du fait ?
Toute personne suivant de près ou de loin la Ligue 1 peut en témoigner, des erreurs arrivent absolument tous les weekends sur tous les terrains de France. Certaines erreurs sont parfois d’une telle ampleur qu’elles font un buzz retentissant (exemple, le tacle de Mbaye Niang sur Kehrer lors d’un Rennes-PSG). Avions-nous eu droit à une intervention de la DTA ? Que nenni. Pascal Garibian respectait la règle d’or liée à sa fonction : ne jamais désavouer le corps arbitral, contre vents et marrées.

N’est-ce donc pas incroyablement paradoxal de voir que la main de Morgan Sanson, pourtant identifiée comme involontaire par la quasi-totalité des observateurs, a été relevée par la DTA, alors que de nombreuses erreurs invraisemblables se produisent chaque weekend et passent sous silence ? A vous de juger.

De ce fait, à qui profite cette intervention ? Sûrement pas aux supporters des deux camps, les uns se sentant lésés, les autres dénonçant une campagne de déstabilisation. Encore moins à Pascal Garibian, qui risque de perdre la confiance du corps arbitral qu’il est censé protéger.

Le seul tirant profit de cette intervention est Jean Michel Aulas, fier de rebondir sur cette intervention à travers un tweet faisant passer un dyslexique pour le nouveau Bernard Pivot.

Pas une première…

Malheureusement, voir un Directeur Technique de l’arbitrage prendre la responsabilité de remettre en cause ses arbitres n’est qu’un évènement parmi tant d’autres subis depuis trop longtemps.

Souvenez-vous, avril 2018, quand Jacques Henri Eyraud, à l’époque enthousiaste à l’idée de défendre son club, s’était heurté à un comité de discipline qui n’avait pas cherché à cacher son amitié avec Jean Michel Aulas : « Ce que je note en tout cas, c’est que les membres de la commission de discipline se lèvent plus prestement pour saluer le président de Lyon que celui de l’Olympique de Marseille quand il rentre dans la pièce. Le privilège de l’âge, je présume », avait-il dit.

Souvenez-vous de l’incroyable clémence de la Ligue de Football Professionnel quand Corentin Tolisso blessait volontairement Fabien Lemoine, mécontent de voir son club perdre le derby, ne s’en tirant qu’avec deux matchs de suspension.

Souvenez-vous, ce soir-là, des dégâts provoqués par des joueurs lyonnais mécontents dans le vestiaire de Geoffroy Guichard, qui avaient décidé de passer leurs nerfs sur les portes et murs du vestiaire qui leur étaient attribués, toujours en toute impunité.

Souvenez-vous également des propos de Jean-Michel Aulas, insultant les supporters stéphanois en utilisant une pathologie grave touchant 500 000 personnes en France, l’autisme, pour des querelles stupides sans être rappelé à l’ordre par le Comité Nationale de l’Ethique, d’habitude si active pour dénoncer des comportements inappropriés.

Enfin, souvenez-vous des nombreux actes de racisme provenant des kops lyonnais de la chanson « Clinton Njie, il est noir, mais quand il marque on l’aime beaucoup », en passant par les saluts nazis observés dans de nombreux clichés, qui n’ont jamais été relayés ni dénoncés par la Ligue, pourtant friande de huis clos pour des fumigènes à outrance.

Pour conclure, nous ne demandons pas de voir l’OM suravantagé, ou Lyon maltraité par les instances, mais simplement une justice. Nous aimerions voir tout le monde traité de la même manière par les autorités de la Ligue. Nous aimerions que l’OM soit sanctionné quand il le mérite, et que ces mêmes sanctions s’appliquent à tous, sans distinction. Il paraît plus que temps que les clubs s’unissent et fassent front pour que l’arbitrage ne laisse plus de place à des doutes : il est primordial qu’il soit résolument neutre et sans aucune suspicion d’influence ou de dépendance.

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