Baup explique la méthode de Villas-Boas

Elie Baup a livré une analyse très pointue de la prestation réalisée par l’équipe d’André Villas-Boas, samedi, lors d’OM-Reims (0-2).

Elie Baup

« La périodisation tactique est l’essence même de l’école portugaise, de Villas-Boas, Jardim, Sousa et bien d’autres. C’est la méthode Frade (du nom de l’universitaire portugais qui a théorisé le concept, NDLR). C’est une méthode qui demande beaucoup de travail, a expliqué l’ancien entraîneur phocéen dans les colonnes de La Provence. Elle suppose que tout le monde doit donner une réponse collective par rapport à des situations de récupération du ballon ou de jeu offensif. On travaille sur la notion d’espace et de temps, c’est un boulot de longue haleine. En résumé, il faut supprimer les réponses individuelles au profit des réponses collectives. (…) Ce ne sont pas des automatismes, mais des réponses collectives de jeu. Ce qu’on n’a pas du tout vu samedi. Par exemple, l’OM a insisté sur la largeur, mais la profondeur n’y était pas. Le repli adverse était de qualité, et il n’y avait pas assez de changements de rythme ou de vitesse dans les passes et les déplacements du côté de l’OM. (…) Il y a un gros travail à faire sur la créativité et l’intelligence de jeu collective. Ça demande beaucoup de temps, car ce ne sont pas des réponses individuelles. »

« J’ai vu des situations étonnantes »

Baup a vu pas mal d’incohérences, lors du match disputé face aux Rémois : « C’était trop à plat. Après, il faut aussi aller chercher l’adversaire et le provoquer, passer dans son dos… Du 7e étage, j’ai vu des situations étonnantes, avec neuf joueurs de Reims et l’attaquant en pointe, mais quatre défenseurs de l’OM pour s’occuper du seul Dia. Pour contrôler un attaquant, tu n’as besoin que de deux joueurs, un pour le presser, l’autre pour le couvrir ; les autres doivent s’engager dans le jeu à mort ! D’autres fois, Strootman et Sanson se projetaient si haut qu’ils laissaient un espace béant entre eux et les défenseurs centraux. Personne ne proposait de solution verticale, tout passait sur les côtés. Quand ils sont positionnés trop haut, on en revient au tempo, à la notion d’espace et de temps de la méthode. Ils auraient dû reculer, se projeter en alternance. C’est cette coordination des déplacements qui nécessite une réelle exigence collective. »

Le tacticien estime que le « 4-2-3-1 avec Payet en numéro 10 est le mieux adapté » et que la stratégie de Villas-Boas demande du temps : « Un projet de jeu comme celui-là, tu ne peux pas te mettre dans l’efficacité immédiate. » Il reste à voir si AVB fera des changements, pour la rencontre qui va se disputer à Nantes, et si les joueurs phocéens auront un peu mieux assimilé ses principes de jeu.

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