Bilan mercato : l’OM a misé sur la stabilité

Au contraire des deux étés précédents, le club phocéen a vécu un mercato relativement tranquille. Les dirigeants ont tenté de renforcer plusieurs postes clés. Ils ont mis un beau paquet d’argent sur deux éléments prometteurs et sont parvenus à en attirer un autre de classe mondiale. Surtout, ils ont réussi à conserver leurs meilleurs joueurs.

Kevin Strootman

Le potentiel de départ

Après la parenthèse Vincent Labrune, l’OM repartait des abîmes. Lors des mercatos de l’hiver et de l’été 2017, les décideurs marseillais avaient misé sur des recrues expérimentées, capables de s’adapter très rapidement et d’encadrer les plus jeunes. L’effectif a présenté des limites, mais la première vraie saison estampillée Frank McCourt s’est révélée passionnante. Les objectifs ont été atteints avec, en prime, une attaque record (80 buts en Ligue 1) et une belle épopée en Ligue Europa. L’OM 2017-2018 disposait déjà des talents pour finir sur le podium : le groupe s’est bonifié au fil des mois. Certains jeunes ont fait leur apprentissage et l’équipe semblait encore gagner en cohésion en fin d’exercice.

La première mission des dirigeants olympiens a été atteinte : les meilleurs joueurs de l’effectif sont restés. Rudi Garcia pourra s’appuyer sur la grinta de Luiz Gustavo, la vision de Dimitri Payet et l’efficacité de Florian Thauvin, ces prochains mois.

Défense : Caleta-Car a besoin de temps

Dans les semaines qui arrivent, on devrait aussi pouvoir mesurer la hauteur de marche qui sépare Salzbourg de Marseille. La différence de niveau ne paraissait pas flagrante, l’an passé, lors des demi-finales de la C3 : il faut espérer que Duje Caleta-Car ne mettra pas autant de temps que Rolando à s’adapter, et que ses affinités avec Adil Rami se développeront vite. La retouche d’une charnière centrale constitue un travail délicat. Et l’OM n’a pas été favorisé par le contexte, avec la finale de la coupe du monde et le retard engendré sur la préparation physique. De surcroît, l’international français est à la recherche de son meilleur football.

Par ailleurs, le côté droit est plutôt bien pourvu, et c’est à gauche que l’équipe phocéenne paraît la plus fragile : Jordan Amavi passe parfois complètement au travers de ses matchs. Au point où l’on peut se demander s’il n’aurait pas besoin d’un peu de concurrence pour remettre en cause son approche psychologique des événements. Pour le suppléer, Rudi Garcia devra composer avec Christopher Rocchia, Tomas Hubocan et Hiroki Sakai. Enfin, Aymen Abdennour s’est obstiné à rester, malgré qu’il n’ait aucune chance de jouer.

Une arrivée inattendue au milieu

Le recrutement de Kevin Strootman constitue à lui seul l’exploit du mercato. L’international néerlandais a quitté une formation qualifiée pour la Ligue des Champions et avec qui il avait terminé troisième du dernier championnat de Serie A. Il avait notamment participé aux demi-finales de la C1, et en particulier à la remontada réalisée par le club de la Louve contre le Barça, en avril. Il s’agit d’un élément de classe mondiale qui devrait quelque peu soulager Luiz Gustavo, dans l’entrejeu.

Son association avec le Brésilien devrait permettre à l’OM de compter sur une paire de récupérateurs de standing international. Son sens tactique devrait aussi aider les latéraux. Maxime Lopez et Morgan Sanson, plutôt en forme ces derniers matchs, vont quant à eux devoir se battre pour gagner une place dans le onze de Rudi Garcia. Grégory Sertic, qui a refusé de partir, devra certainement se contenter des miettes. La concurrence est particulièrement rude, au milieu.

Statu quo au poste d’avant-centre

Le gros feuilleton de l’été a concerné Mario Balotelli, ou plutôt son agent, Mino Raiola. Si Jean-Pierre Rivère a fait mime qu’il ne manquait que 3 millions d’euros pour conclure le deal, il a oublié de préciser que l’agent italien briguait une prime substantielle et que son poulain ne souhaitait signer qu’un contrat d’un an. Sa venue, dans ces conditions, n’avait aucun sens : l’ambitieux « super Mario » évoluera encore à l’Allianz Riviera, cette saison. On peut surtout regretter que les dirigeants aient consacré autant de temps à discuter avec son insupportable représentant.

Outre ces interminables négociations, les recruteurs n’ont pas semblé creuser beaucoup de pistes, en attaque. Au grand dam des fans qui attendaient une pointure, ils ont finalement minimisé les risques en s’appuyant sur les éléments déjà adaptés (Mitroglou et Germain). A quoi bon prendre des buteurs du même niveau, qui auraient encore mis un an à s’adapter ? Il sera important de voir si le pari est gagnant et, parallèlement, si Moussa Dembélé arrive à confirmer en Ligue 1, sous le maillot d’un concurrent.

Nemanja Radonjic permettra quant à lui Rudi Garcia de disposer d’un profil différent, pour occuper l’aile gauche, voire les autres postes offensifs. A l’instar de Caleta-Car, le Serbe est jeune et aura certainement besoin de temps pour développer son potentiel.

Il est (beaucoup) trop tôt pour se prononcer

Qu’on soit content ou non, L’OM est le 21e club européen à avoir la balance financière la plus négative (-34,15 millions d’euros), pour ce mercato. Si on enlève les Anglais, dopés aux droits TV, il se classe juste derrière la Juventus (-157,4 millions), l’Atlético (-78,50 millions), le PSG (-72 millions), Valence (- 67,4 millions), Barcelone (- 43,7 millions), le Milan AC (-38,75 millions), l’Udinese (-36,5 millions) et Wolfsburg (-36 millions). Enfin, en tenant compte de 2017-2018, Marseille en est à -93,4 millions, soit le 13e club le plus dépensier en Europe.

N’en déplaise à quelques impatients, un mercato ne se juge pas en septembre. Ni même en octobre. Ce sport a ceci de bien qu’il ne se résume pas à une somme d’individualités. De multiples critères entrent en compte dans l’élaboration d’un collectif de haut niveau. Il faudra plusieurs mois pour mesurer le potentiel de l’équipe olympienne. Comme l’indiquait Rudi Garcia en conférence de presse avant Monaco, elle semble qualitativement supérieure à celle de l’an passé : le terrain confirmera, ou pas.

En limitant le nombre de mouvements, les dirigeants ont limité les risques et misé sur la continuité. Comme l’an passé et à l’instar de ce qui s’est produit hier soir à Monaco, l’état d’esprit et l’implication des joueurs seront prépondérants.

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