Huard : « Quand Beckenbauer est parti, Mozer et Papin pleuraient »

Dans une interview accordée à L’Équipe, Gaëtan Huard s’est remémoré sa longue carrière. Plusieurs Phocéens l’ont marqué. En particulier Chris Waddle, qu’il juge le plus drôle, et Carlos Mozer, le plus méchant.

Beckenbauer et Goethals

« Chris Waddle débarque à la surprise générale pour remplacer Klaus Allofs parti à Bordeaux. Au bout d’un jour, il a été obligé d’arrêter l’entraînement, brûlé par le soleil… Une fois, à Metz, il a débordé sur sa partie de terrain gelée en imitant un patineur de vitesse. C’était à la fois un comique, un dilettante et un gagneur », s’est souvenu l’ancien gardien de but. Quant au Brésilien, c’était un peu son opposé sur le terrain : « Intransigeant, dangereux et un grand professionnel. Pour lui, l’entraînement, c’était un match. »

Le natif de Montargis s’est également rappelé avoir fait chambre commune avec Jean-Pierre Papin : « J’arrive à Marseille et il me lance : « Tu es en chambre avec moi ? » Je réponds : « Si tu veux. » Yvon Le Roux me dit : « Bon courage… » Papin était un malade des cassettes vidéo. Au point d’appeler l’hôtel avant pour s’assurer qu’il avait un magnétoscope. Sinon, il apportait le sien. Il possédait cinq mille films et il en regardait toute la nuit. Ma chance, c’est que parfois, il s’endormait devant la télé. »

Enfin, Huard s’est remémoré l’affaire qui a conduit à son départ. Après une blessure, Franz Beckenbauer voulait le réintégrer dans l’équipe, Bernard Tapie s’y est opposé : « Le joueur dont je punaisais le poster dans ma chambre gamin et qui était devenu mon entraîneur, me convoque : « Je te réintègre dans les seize. Ne le dis pas à la presse, mais tu seras même titulaire. » Je me tais et je pars jouer au golf. On vient me chercher sur le green. « Le président cherche à te joindre. » Je rappelle Bernard Tapie. Il me vouvoie, ce qui n’est pas bon signe chez lui : « Gaëtan, Franz Beckenbauer a le pouvoir tactique et technique sur l’équipe mais pas celui de mettre ou d’enlever certains joueurs sans mon avis. Et Pascal Olmeta fait partie de ceux-là. Donc, vous restez à Marseille. » Le lendemain, quand Beckenbauer m’a vu passer devant le car, il en est aussitôt descendu pour m’amener dans son bureau. « Il (Tapie) ne va pas commencer à me les casser. Sinon, je retourne dans mon chalet à Kitzbühel. » Mais Alain Casanova est parti à ma place à Tirana et ça a été le début de la fin pour Beckenbauer. Quand il est parti, Mozer et Papin pleuraient », a-t-il confié.

Sa plus grande fierté ? « Ne pas avoir perdu en quatre-vingt-dix matchs au Vélodrome ». Et son plus grand regret ? « Maradona à Marseille. Cela aurait été exceptionnel de jouer avec le joueur que j’ai le plus adulé », a-t-il conclu.

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