Exclu : le Massilia Socios Club répond aux questions de FootMarseille

Julien, Cofondateur du Massilia Socios Club, a répondu aux questions de nos membres. L’occasion de lever de nombreuses interrogations sur le fameux projet.

Supporters de l'OM

1/ Est-ce que le système serait copié sur le système espagnol ou Allemand ? (omkhan1)
Au départ, nous avions l’intention de racheter le club et de faire comme au Barca ou au Réal où le club est détenu à 100 % par les supporters, mais la mise en vente du club par Margarita nous a contraint de revoir notre stratégie.

Face à la « concurrence » d’éventuels repreneurs, nous nous sommes rendu compte qu’il fallait s’adapter et que l’on pouvait faire comme en Allemagne où les supporters détiennent une partie du capital et participent aux décisions en concertation avec l’actionnaire principal.

Cette stratégie est aussi une stratégie plus réaliste, on ne passe pas de la situation de l’OM à la situation du Barça en un claquement de doigts. Pour que le modèle façon Barça soit viable, il faudrait avoir au moins 200 000 socios qui apporteraient 24 Millions d’euros/an d’argent frais pour augmenter le budget naturel de l’OM qui oscille entre 90 et 145 millions d’euros/an en fonction des participations aux coupes d’Europe. Avec 200 000 socios, le budget passerait donc de 90 à 115 millions d’euros sans participation à la C1, et de 140 à 165 millions d’euros en cas de qualification directe à la C1. L’OM aurait ainsi plus de moyens que sous l’ère Dreyfus.

On ne réunit évidemment pas 200 000 socios si facilement. La stratégie qui vise à rentrer dans le capital par la petite porte est plus réaliste et c’est celle que l’on vise.

2/ Qui seront les représentants des socios, si le projet prend forme ? Quel sera leur mode de désignation ? (Aquafresh)
Les représentants des socios seront élus démocratiquement. Le conseil d’administration de l’association sera composé de 18 membres, l’objectif est d’avoir des personnalités reconnues pour leur attachement à l’OM, mais aussi pour leur connaissance du monde du football. Il y aura aussi des adhérents « inconnus », pour que toutes les parties soient représentées au sein du conseil d’administration.

3/ L’idée est de prendre quelle part dans le capital du club ? Que se passe-t-il si le club change de main ? (omkhan1)
L’objectif est de prendre entre 5 et 10 % du club, pour peser un minimum. Pour atteindre cet objectif, nous visons 40 000 membres, soit autant qu’à l’Athletic Bilbao.

C’est un minimum. Si demain nous sommes 100 000 socios, nous pourrions prétendre à prendre plus de pourcentage du capital. C’est pour ça qu’on attend de voir quelle est la mobilisation des supporters pour entrer en réelle négociation avec le club ou les futurs repreneurs. Nos discussions avec le repreneur évolueront en fonction du nombre d’adhérents de l’association.

4/ Quelle est la différence entre un projet de socios et une éventuelle entrée en bourse du club ? (Meyer Lanski)
La différence entre le projet de socios et la bourse, c’est que les socios sont tous représentés autour du même projet et s’entendent en amont entre eux pour porter le même message, là où les actionnaires individuels d’une entreprise sont tous divisés et n’attendent pas forcément la même chose de leur prise de participation au capital.

L’autre grande différence, c’est que l’on n’est pas sur la même logique, et l’objectif est différent dans les deux cas.

L’actionnariat populaire de type socios représente nécessairement des supporters du club car les socios n’ont pas vocation à gagner de l’argent et profiter des éventuels bénéfices du club.

Des actionnaires classiques sont rémunérés en fonction des résultats de l’entreprise pour laquelle ils ont souscrit des actions. Il y a donc une logique de rentabilité inscrite au coeur du modèle boursier. Au contraire, le modèle socios s’articule autour de la logique passionnelle puisque l’objectif, c’est d’investir, d’agir sur la stratégie du club dans le seul but de le voir obtenir de bons résultats sportifs !

Le retour sur investissement des socios est la fierté de voir son club gagner sur le terrain et être bien géré, au lieu d’attendre un éventuel rendement financier du côté. On est bien sur deux aspirations, différentes !

5/ Est-ce que le projet sera lié à un repreneur en particulier ? (omkhan1)
Les négociations entre MLD et les futurs repreneurs sont obscures. Nous avons quelques informations, nous avons rencontré des candidats à la reprise, mais même eux n’ont pas trop de visibilité sur le processus de vente et l’objectif de MLD.

Notre objectif est donc de constituer une force collective et économique indépendante qui puisse s’allier avec LE futur repreneur, à condition qu’il soit intéressé et qu’il porte un projet sportif et économique suffisamment viable pour que les supporters puissent s’associer avec.

6/ Quelles seront les questions abordées, le mercato uniquement ou d’autres sujets comme le Vélodrome, la commanderie, le centre de formation, le staff… ? (omkhan1)
Les socios n’ont pas vocation à s’impliquer directement sur le mercato ! Au Réal ou au Barça, là où les supporters détiennent le club à 100 %, les dirigeants sont libres de choisir les joueurs qu’ils veulent, les socios du Barça ou du réal n’ont pas vocation à choisir les joueurs ! Le sportif doit être géré par des professionnels, reconnus pour leurs compétences, et qui doivent être libres à 100 % de leur mouvement.

Les socios ont vocation à juger l’ensemble du projet mis en place par l’actionnaire principal qui aura quand même les pleins pouvoirs.

Mais attention, cela ne veut pas dire que les socios seront inutiles ! Les socios seront les garants de l’esprit du projet mis en place par le futur repreneur. Les socios seront la voix des supporters et donc la voix des « clients », c’est-à-dire de ceux qui font vivre le club. Le futur repreneur aura donc intérêt à les écouter pour être en phase avec les supporters et développer en harmonie un projet économique et sportif avec eux.

Nous voulons défendre l’identité marseillaise, mettre en avant la formation locale, mais aussi conserver notre façon d’aimer et vivre le football. L’OM doit rester un club populaire, accessible à tous, il doit continuer d’être le trait d’union entre tous les Marseillais. L’OM est un bien commun : c’est ce message que nous porterons. Il est donc important que tous les Marseillais, ou amoureux de l’OM attachés à ce sujet, s’unissent pour ne pas perdre une partie d’eux-mêmes, au moment de la vente. C’est un des enjeux du projet socios.

Concrètement, cela se traduira par une attention particulière portée à la viabilité économique du projet pour que le développement soit pérenne, mais nous veillerons aussi à ce que l’histoire du club soit valorisée. Par exemple, nous aimerions voir plus d’anciens du club figurer dans l’organigramme. Nous souhaiterions voir l’OM davantage développer la formation locale en créant un véritable réseau avec les clubs de la région marseillaise.

7/ Quels sont les intérêts du projet pour l’OM ? Quel est l’intérêt de faire entrer les supporters au sein du conseil d’administration de l’OM ? (Meyer Lanski)
1- obtenir une ressource financière substantielle supplémentaire. Si le Massilia Socios Club regroupe plusieurs dizaines de milliers de supporters, voire même une centaine de milliers, comme c’est le cas dans de nombreux grands clubs, alors l’OM pourra récupérer plusieurs dizaines de millions d’euros pour augmenter son budget chaque année. En gros, on augmente les recettes du club et on peut redevenir ambitieux.
2- De nos jours, les présidents de club aiment à rappeler à tout le monde qu’ils sont des chefs d’entreprise. S’ils sont des chefs d’entreprise, les supporters sont leurs clients !

Quel chef d’entreprise n’aimerait pas avoir tous ses clients regroupés en une association qui porte un seul et même message pour développer avec eux un projet sportif et économique gagnant-gagnant ? Toutes les entreprises font des tests marketing avec leurs clients, elles leur posent des questions, elles payent même pour faire des sondages et savoir ce que les clients veulent. L’objectif suprême d’une entreprise, c’est que ses clients s’approprient sa marque !

Là non seulement l’objectif suprême serait atteint, puisque le client fait partie de l’entreprise et il est donc impliqué et investi dans sa réussite, mais en plus l’entreprise n’aurait pas à payer pour savoir ce que veut le client. C’est l’inverse, c’est le client qui paye pour pouvoir dire ce qu’il veut !

Encore une fois, seuls les mauvais chefs d’entreprises ne voudraient pas d’un tel système… Mais c’est à nous d’être force de proposition et de nous unir. Il ne faudra pas attendre que la direction de l’OM mette en place ce système pour s’engager.

8/ La démocratie, dans un club de L1, ne pourrait-elle pas se révéler à contre-courant des objectifs ? (medchant)
Tout dépend des objectifs !

La direction actuelle n’est-elle pas à contre-courant des objectifs attendus par les supporters ? Peut-être que si les socios avaient été dans le club au moment de l’intronisation de Vincent Labrune, MLD ne se serait pas faite berner comme elle l’a récemment déclaré.

L’objectif du Massilia Socios Club est de voir l’OM redevenir un grand club. Nous ne voulons pas seulement une grande équipe, nous voulons supporter un grand club, à tous les niveaux !

Nous n’avons pas vocation à discuter à propos du mercato, mais nous devons veiller à ce que les politiques mises en place aident le club à obtenir des résultats à long terme. Ce qui nous préoccupe c’est la pérennité du club.

Ceux sont les valeurs mises en avant par l’association, et les gens qui y adhèrent doivent les partager. Nous sommes très transparents sur ce point. Aussi, le fait d’utiliser un système démocratique pour élire un représentant des socios, qui diffusera ce message et s’assurera qu’il est bien entendu par la direction olympienne, ne doit pas empêcher le club d’atteindre ses objectifs, bien au contraire.

9/ Ne pensez-vous pas que créer une voix supplémentaire risque de créer un peu plus de chaos ? (Meyer Lanski)
Il faut bien voir d’où nous partons. Nous avons aujourd’hui une direction olympienne qui est isolée, qui n’est pas en phase avec les supporters du club, c’est-à-dire avec ses clients. L’absence totale de discussion entre les supporters et le club a conduit aux images qui ont fait le tour de l’Europe, au printemps dernier… Ne serait-il pas plus opportun d’avoir une instance qui favorise le dialogue et qui permette de définir conjointement une ligne directrice partagée entre les supporters du club et la direction ?

10/ Disposons-nous de la maturité nécessaire, dans l’environnement phocéen, pour mettre en place un tel projet ? (medchant)
C’est à nous d’être matures, mais il faut bien voir que c’est aussi le système actuel qui conduit à l’immaturité. Quel moyen a actuellement le supporter pour exprimer son mécontentement ? Il peut siffler, chanter « mouille le maillot ou casse-toi » et/ou insulter les joueurs, l’entraîneur, le président ou l’actionnaire… Le système nous conduit à exposer médiatiquement notre immaturité.

Nous avons rencontré tous les groupes de supporters, ils sont conscients de cette lacune. Du côté des supporters lambda, il y a aussi une prise de conscience. De toute façon, ça ne peut plus durer comme ça. Soit le repreneur idéal arrive et met tout le monde d’accord, soit il n’existe pas et nous, les supporters, devrons prendre les choses en main.

Nous partons du principe que le repreneur idéal n’existe pas ! Par repreneur idéal, nous entendons un repreneur qui aurait les moyens financiers importants pour mettre en oeuvre un projet sportif ambitieux, mais qui respecterait aussi l’identité marseillaise. Autant pour les moyens financiers, il peut y avoir des candidats, autant pour préserver l’identité marseillaise, c’est moins sûr…

11/ Un tel projet n’est-il pas voué à l’échec, car non adapté à la culture française ? (Pytheas83bm)
Il est marrant de noter que c’est quelqu’un qui utilise le pseudo de Pytheas qui pose cette question. Clairement, la France n’est pas un pays de ballon, mais Marseille en la matière, ce n’est pas la France. S’il y a bien un endroit où le système de socios peut être mis en place, c’est à Marseille. A nous de prouver que nous sommes les meilleurs supporters ! À nous d’être à nouveau, et à jamais, les premiers !

12/ Que faites-vous si MLD refuse votre dossier ? (Rudy Voller)
Si MLD refuse notre dossier, nous proposerons aux adhérents de continuer le combat, en attendant un repreneur, ou d’arrêter et de rendre l’argent. Nous respecterons leur choix, quoi qu’il arrive, car c’est un projet démocratique.

13/ Ne craignez-vous pas que le contexte socio-économique marseillais freine une adhésion de masse ? (Pytheas83bm)
Nous avons eu de nombreux débats entre nous à ce sujet. Déjà, il faut mettre en avant le fait que l’OM, c’est une passion. Contrairement aux idées reçues, supporter l’OM coûte toujours de l’argent, quelle que soit sa façon de supporter l’OM. Tout supporter dépense entre 10 et 100 €/mois pour voir l’OM à la télévision (abo Canal, beIN), au stade (achat des places + transports), chez des amis (pizzas, bières…), ou même dans les bars (consommations). Quelle que soit notre façon de consommer l’OM, supporter le club a un coût.

À partir de ce constat-là, on peut discuter du coût du système socios. Car avec le système actuel, ça fait vingt ans qu’on dépense de l’argent et qu’on s’emmerde de saison de transition en saison de transition. En 20 ans de présidence Louis-Dreyfus, combien a-t-on eu de saisons intéressantes ? Quatre ou cinq ? C’est trop peu !

Alors, la vraie question que tout supporter doit se poser, selon nous, est la suivante : est-ce que ça ne vaut pas le coup de payer un peu plus, mais de participer aux prises de décisions et de retrouver une fierté d’être supporter de l’OM ?

Retrouver le plaisir de suivre l’OM, ça n’a pas de prix !

Pour entrer encore plus dans le vif du sujet, nous avons tenu compte du contexte. Nous savons que les gens ont peu de moyens, et nous sommes partis sur la base que tout le monde a la possibilité de mettre 10 €/mois. Cela représente moins de deux paquets de cigarettes par mois…

Ensuite, il faut tenir compte du fait que l’OM a entre 10 et 15 millions de supporters dans le monde : tous peuvent participer au projet.

Il nous suffit de regrouper entre 0,5 % et 3 % des supporters de l’OM pour faire quelque chose de grand.

On observe que nous avons des adhérents venants de la France entière et venant même du monde entier, que ce soit du Sénégal, de Croatie, des États-Unis ou du Canada. Tous les amoureux de l’OM peuvent être sensibles à notre projet et y participer.

14/ Comment comptez-vous vous y prendre pour rester indépendants vis-à-vis des clubs de supporters ? (Tontonchri)
Le principe est simple, en tant que membres fondateurs, nous avons l’intention de rester quelques années (maximum 5 ans) au sein du conseil d’administration pour nous assurer du bon fonctionnement de l’association.

Ensuite, c’est un projet démocratique et, comme nous le rappelons dans la charte des valeurs que tout le monde signe en adhérant, il appartient à tous les membres de veiller au bon fonctionnement de l’association.

Il faut bien saisir qu’il s’agit d’un projet démocratique qui a vocation à être suivi par plusieurs dizaines de milliers de personnes. Si, à un moment donné, le représentant d’un groupe de supporters se présente et est élu, c’est qu’il le méritera. Mais dès cet instant, il ne représentera plus son groupe de supporters, mais l’ensemble des socios. Cela l’engagera auprès des dizaines de milliers de socios, avec tout ce que cela implique.

15/ Est-ce que les représentants des socios auront un lien avec l’association OM ou la mairie ? (Aquafresh)
Les membres de la mairie ou de l’association OM pourront faire partie de l’association et rien n’empêche qu’une de ces personnalités puisse se présenter pour représenter les socios. Pour arriver à cette fin, une personne issue de la mairie ou de l’association OM devra se présenter et être élue par l’ensemble des socios. Comme dans tout système démocratique ce sont les électeurs qui sont les garants du bon fonctionnement du système.

16/ Pourrez-vous rembourser les contributions individuelles à n’importe quel moment dans votre recherche d’actionnaire principal ? quels sont les frais de fonctionnement, sont-ils publiés ? (Rudy Voller)
Nous utilisons une plateforme connue de tous, celle du Pot Commun. C’est très confortable pour nous car tout est automatisé et tracé. Nous ne gérons pas l’argent et nous n’avons pas d’argent liquide : c’est le meilleur moyen de rassurer les gens. Tout est automatisé, donc oui, nous sommes en capacité de rembourser tout le monde si nécessaire en quelques jours, sans mobiliser des moyens humains importants.

Après, cet outil a un coût, la plateforme du Pot Commun travaille avec la Caisse d’Epargne et nous avons donc des frais bancaires à payer. C’est ce que nous affichons sur notre site, les frais bancaires s’élèvent à 1,2 % des sommes investies.

Pour rappel, nous avons réduit ces frais au minimum, car habituellement les frais demandés par les plateformes de crowdfunding sont bien plus élevées que cela.

Ensuite pour le moment, l’association n’a pas de budget de fonctionnement, nous sommes tous bénévoles. Nous nous structurons pour avoir toutes les compétences nécessaires à la réussite du projet. Nous sommes environ une quinzaine à travailler sur le sujet actuellement. À terme, il faudra sûrement des compétences et des salariés pour faire fonctionner tout cela. Nous devons convaincre tout le monde de l’utilité du projet, nous devons pousser les 8 supporters sur 10 qui sont séduits par l’idée à adhérer. C’est maintenant qu’il faut s’unir et agir pour le bien de notre club !

Merci à Julien d’avoir consacré du temps pour éclaircir nos idées. S’il vous a convaincu, vous pouvez devenir Socios en suivant ce lien : https://massilia-socios-club.lepotcommun.fr/devenir-socios. Vous pouvez également en débattre sur le topic que nous dédions au projet, en cliquant ICI.

Un article lu 6584 fois