Rachat : l’OM sous le giron d’un fonds d’investissement ?

Selon les informations de France Football, deux propositions conservent toute l’attention de Margarita Louis-Dreyfus, dans l’optique de la vente de l’OM. L’une semble être l’oeuvre de Gérard Lopez, PDG de Genii Capital et ancien président de l’écurie de F1 Lotus. L’autre proviendrait des États-Unis, et plus particulièrement du groupe Guggenheim Partners. Le projet de Pablo Dana et celui des Iraniens paraissent quant à eux être passés à la trappe.

Commanderie

Les TPI ont pris le relais de la TPO

Il y a quelques mois, l’intérêt de Doyen Sports pour le club marseillais avait été relayé. Néanmoins, comme les autres, il semble aujourd’hui hors course. Ce n’est pourtant pas faute de disposer des ressources pour investir. Pour rappel, la TPO (Third Party Ownership) est désormais prohibée. Mais, comme ses concurrents, le fonds peut pratiquer d’autres formes d’investissement, telles les TPI (Third Party Investments). Plutôt que de « détenir » les joueurs, cela consiste à financer leur achat sous forme de prêts. Les clubs les remboursent ensuite lors de la revente, ou lorsqu’ils décident de finalement conserver le joueur.

Cela ne s’arrête toutefois pas là. D’après Jean-Pascal Gayant[/url], professeur des universités en sciences économiques, les dettes des clubs sont ensuite titrisées. C’est-à-dire qu’elles sont transférées à des investisseurs, sous forme d’obligations. On appelle ça des soccer bonds. Ces derniers peuvent parfois s’en porter acquéreur sans même le savoir, ce qui rappelle un peu le modèle des subprimes : « Les banques et les investisseurs du monde entier détenaient, sans vraiment le comprendre, des obligations gonflées de dettes immobilières de ménages américains qui allaient s’avérer insolvables », rappelle-t-il sur son blog.

À la différence de ces dernières, les clubs de foot semblent pour l’instant en mesure de rembourser les leurs. En tout cas tant que les droits TV ne s’effondrent pas. En France, la DNCG veille sur les finances des clubs professionnels, et c’est une assurance considérable pour les prêteurs. Jusque-là, les TPI ont davantage paru concerner des clubs comme « le Benfica de Lisbonne, le FC Porto et l’Atletico de Madrid », mais il est probable que beaucoup d’autres soient désormais concernés. Sans compter cet été, Doyen Sports aurait octroyé « plus de 100 millions d’euros de crédit depuis 2011 », et XXIII Capital aurait prêté « 73 millions de dollars ». Fair Play Capital, un de leurs concurrents, a été lancé sur le même modèle, fin 2014. Sur sa brochure de présentation, on peut s’apercevoir qu’il relaie en particulier les chiffres du mercato des clubs de Ligue 1.

Gérard Lopez

Quels sont les risques ? Interrogée par Le Temps, L’UEFA explique que « plusieurs études ont montré que ces transactions sont loin d’aider les clubs. Elles tendent à les plonger dans une situation d’endettement et de dépendance ». Le règlement FIFA ne ferait quant à lui pas de distinctions entre TPI et TPO, étant donné qu’elle interdit tout accord qui pourrait donner à une autre partie le pouvoir « d’influer sur la politique ou les performances d’un club ». Elle n’autorise également pas qu’un tiers puisse « prétendre à une indemnité en relation avec le futur transfert d’un joueur ».

L’OM ne devrait pas y échapper

Tout cela est bien intéressant, mais en quoi cela concerne l’OM ? On sait que Doyen Sports est intervenu, l’été dernier, dans le mercato marseillais. Il a aidé à faire venir Michel et quelques joueurs, et a participé lors des départ de certains autres (Florian Thauvin et Mario Lemina, notamment). Il ne semble pas avoir joué de rôle dans la majorité des transferts, ces dernières semaines. Pour autant, le club phocéen reste concerné par ces histoires de TPI. Et pour cause ! Il ne faut pas chercher bien loin pour s’apercevoir que XXIII Capital est associé à… Guggenheim Partners, le premier candidat au rachat. Quant à Fair Play Capital, Gérard Lopez aurait participé à sa création. Enfin, Doyen Sports, n’aurait-il pas pu être relié à une autre proposition ?

En réalité, il semble peu probable que l’OM échappe à l’un de ces fonds d’investissement au pouvoir financier colossal. Difficile de mesurer l’impact réel que cela pourrait avoir sur sa gestion, ses résultats et ses finances. Les dirigeants de tous les clubs du monde ne spéculent-ils pas déjà, d’une certaine façon, sur les valeurs des joueurs ? Pour autant, il serait plus qu’embarrassant que les plus-values finissent désormais dans d’autres poches… Une question nous taraude en particulier : dans ces deux cas de reprises, sous quelles formes seraient investis les 400 ou 500 millions d’euros promis ? Souhaitons que Margarita et Kyril Louis-Dreyfus prendront le temps de bien étudier le dossier des candidats et feront de la pérennité du club leur priorité…

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