Prestations indignes : quels responsables ?

Téméraires sont les fans olympiens qui ont tenu plus de trente minutes branchés sur Canal Plus, dimanche soir, tant les hommes de Michel ont livré une prestation indigeste. On peut d’ailleurs penser, sans trop prendre de risque, que ces derniers ont atteint le niveau de Luccin and co version 2001, ce qui n’est pas un mince exploit. Hormis Il Fenomeno, aucun joueur n’a été digne de son maillot, ou même de son statut de footballeur professionnel. Mais peut-on réellement s’en étonner ?

Labrune et Margarita Louis-Dreyfus

Football Manager style

Ce n’est pas faute d’avoir prévenu. Le remaniement quasi total de l’effectif, le recours à outrance à des prêts, le rajeunissement de l’équipe et le dédain affiché face aux mises en garde concernant la capacité de certains joueurs à supporter la pression marseillaise, ont hypothéqué les chances de bien figurer en Ligue 1. L’espoir reposait à 99 % sur El Loco, mais le Rosarino, qui n’était pas dupe de l’affaiblissement de son groupe, a pris un aller simple pour Buenos Aires. Et sans un technicien capable de faire d’un mulet un cheval de course, le sort de l’OM était couru d’avance. Le président marseillais traitait d’ « abrutis » les supporters déçus de ses choix estivaux, difficile pourtant de leur donner tort.

« Fame »

L’absence de leader est notamment liée aux décisions du patron phocéen, ou à son manque d’anticipation puisque Lorik Cana n’a été contacté que dans la dernière semaine du mercato, alors qu’il s’était déjà mis d’accord avec Nantes. Fatigué par l’attitude de certains de ses coéquipiers, Lass Diarra lui-même paraît avoir abdiqué. Et ces derniers mois, on a davantage eu le sentiment de voir évoluer des danseurs que des footballeurs professionnels. C’est d’autant plus visible qu’il n’y a ni solidarité, ni rébellion. La plupart des membres de l’équipe première semblent préférer affiner leur technique du coupé-décalé, se concentrer un après-midi entier pour se doter d’une coupe de cheveux à la Chris Tucker ou oxygéner leurs poumons à la chicha, plutôt que travailler leur jeu et leur physique.

La renonciation

Le pire de tout est certainement que les joueurs ont baissé les bras et abandonné l’idée de disputer un sport collectif, sans se préoccuper le moins du monde de la déception engendrée auprès des supporters. Le dialogue semble d’ailleurs rompu entre Michel et ses joueurs et en près de neuf mois, les entraînements du technicien n’ont pas accouché d’une équipe. Quant à Vincent Labrune, il ne projette plus son projet Dortmund sur la saison 2025 : et pour cause, les récentes interventions de MLD l’ont, directement ou indirectement, quelque peu désavoué. En conséquence, le navire n’a plus de capitaine et le maintien n’est pas assuré. Il est possible que la catalepsie affichée par Margarita face à la présence conjuguée d’un président sans pouvoir et d’un coach transparent soit révélatrice de sa passion pour l’OM.

Quelques saisons de politique inadaptée ont suffi pour sérieusement ébranler les fondations du club. À l’instar de ce qu’avait fait Pape Diouf, les futurs président, directeur sportif et entraîneur devront repartir de zéro, ce qui est facile à imaginer dans d’autres clubs, mais pas à Marseille. Néanmoins, si l’avenir phocéen dépend en grande partie de la possible vente, que les joueurs ne se leurrent pas : leur carrière pâtira aussi de cette « démission » et de leurs prestations insoutenables. En attendant juin, Michel serait à coup sûr inspiré d’aligner quelques éléments de CFA 2, lesquels ne souffriraient pas de la comparaison et afficheraient au moins un peu de gnaque…

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