Bilan mi-saison : la demande au père Noël

Quatre mois ont passé et la majorité des supporters n’a encore que les mots ‘Marcelo Bielsa’ à la bouche. En l’espace de quarante rencontres passées le cul posé sur sa glacière, El Loco a effacé les nostalgies liées aux souvenirs de Didier Deschamps ou Éric Gerets. A contrario de l’incroyable ferveur qui a accompagné la présence de l’Argentin, la formation coachée par Michel vide les travées du Stade Vélodrome. Et, à mi-saison, l’OM pointe à la dixième place du classement de Ligue 1. Compte tenu du mercato réalisé par Vincent Labrune, n’était-ce pas prévisible ?

Labrune

Les « abrutis », ces visionnaires

« Contrairement à ce que certains abrutis ont pu dire, on a des ambitions », avait déclaré le président de l’OM, à la fin du mois d’août. Il n’était alors pas peu fier de son mercato, qui n’était pas tout à fait terminé. Les supporters ignoraient quant à eux les données financières qui avaient conduit au départ des gros salaires et à la vente de certains joueurs disposant d’une valeur importante sur le marché. D’après OMForum, le budget 2014-2015 présentait effectivement un effroyable déficit d’exploitation de 55 M€. Les ventes, conjuguées à un nouvel investissement de Margarita Louis-Dreyfus, auraient permis de le rééquilibrer.

Un mercato « Football Manager »

En outre, ce sont bien les choix opérés par le président, l’été dernier, qui sont aujourd’hui mis en cause. Certains soupçonnent le bras droit de MLD d’avoir poussé Dimitri Payet vers la sortie et, par effet boule de neige (si l’on ose dire), d’avoir incité Marcelo Bielsa à partir. Plus globalement, sept ou huit des titulaires de l’année passée, et plusieurs remplaçants, sont partis, tandis que treize joueurs sont arrivés. Parmi eux, beaucoup constituent des paris : ceux de Lassana Diarra, Rémy Cabella ou Georges-Kévin Nkoudou se sont avérés payants. Les autres sont beaucoup plus mitigés.

Si VLB semble (maintenant) disposer d’une culture foot, il commet toujours l’erreur de ne pas tenir compte des expériences de ses prédécesseurs. N’importe lequel d’entre eux aurait pu lui expliquer qu’une addition de talents ne suffit pas à faire une équipe, voire que la notion de collectif est primordiale.

Les caractères inadaptés

Le Gazélec Ajaccio le démontre assez bien, le physique et la technique ne font pas tout. En outre, on ne le répétera jamais assez, la spécificité du contexte phocéen nécessite une capacité adaptation et une force de caractère qui n’est pas donnée à tout le monde. Obsédé par son projet Dortmund, le décisionnaire olympien ne paraît pas tenir compte de l’état d’esprit et de la maturité de ses recrues.

Il n’est pas étonnant de constater aujourd’hui que certaines d’entre elles sont trop tendres pour supporter la pression locale, et en particulier pour répondre aux attentes du public du Vélodrome. Certaines autres se prennent pour Cristiano Ronaldo, dès l’instant où leur contrat a été paraphé, et se sentent davantage à leur aise sur le fauteuil d’une discothèque ou de leur Ferrari, que sur le terrain d’entraînement du centre RLD. Enfin, le président marseillais s’obstine à aller chercher des remplaçants alors que l’expérience a démontré que même dans les clubs de Top 10, rares sont les seconds couteaux qui disposent du niveau requis pour l’OM.

Michel ne convainc pas

Bien que sa formation soit sixième depuis son arrivée (de la 3e à la 19e journée, Ndlr), le jeu qu’elle développe ne laisse rien présager de bon. Les défenseurs multiplient les erreurs de concentration, et les éléments en charge de l’animation offensive sont incapables de développer un jeu collectif cohérent. Le Vélodrome est devenu une forteresse imprenable pour… ses propres joueurs, et l’Espagnol y tient nécessairement une responsabilité.

On peut notamment lui reprocher de ne pas parvenir à faire progresser sa formation suffisamment vite, alors que le temps est compté. Éric Gerets, qui avait également pris les rênes de l’équipe dans une situation très délicate (mais avec un effectif, il faut l’avouer, moins chamboulé) et été parvenu à accrocher le podium, est l’exemple à suivre.

El Loco

Le passage de Marcelo Bielsa est une éclaircie dans les vingt années estampillées Louis-Dreyfus. Avec lui, l’OM était redevenu l’OM, l’espace de quelques mois, et le retour à la réalité est difficile. Comme d’autres avant lui, Vincent Labrune, qui a pourtant quelques bonnes idées, cumule les bourdes. Espérons que la volonté affichée de reprendre la gestion des abonnements des virages laisse présager une vente, tant il est fatigant de constater les mêmes erreurs, président après président. Il ne faut d’ailleurs pas que les investisseurs se laissent influencer par ceux qui tentent par tous les moyens (et pour divers motifs) de donner une mauvaise réputation au club marseillais. Il reste le plus populaire en France et constitue l’investissement idéal.

La demande au père Noël reste la même, depuis plusieurs décennies : une équipe avec du talent, des stars, des ambitions, une identité et de la grinta, pour faire sauter le couvercle de l’enceinte du boulevard Michelet.

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