OM : qui sont les responsables de cette situation ?

La défaite concédée contre Bordeaux a eu l’effet d’un uppercut au menton, tant pour les supporters que pour les joueurs. Et, face à Nantes, l’équipe de Marcelo Bielsa a affiché sa trogne des mauvais jours. Coupée en deux, elle n’a jamais su prendre la mesure de son adversaire. Sonnés, abattus, les Provençaux n’ont pas su faire les efforts pour l’emporter. Le constat est amer : malgré un début de saison tout à fait exceptionnel et un titre de champion d’automne, les Olympiens ont désormais peu de chances de participer à la prochaine édition de la Ligue des Champions.
À cinq journées de la fin, on peut légitimement s’interroger sur les responsabilités des uns et des autres.

Vincent Labrune

Les arbitres

S’il n’est pas question de se cacher derrière eux pour expliquer certaines des erreurs qui ont été commises, leur influence a été considérable. Il y a quelques jours, FootMarseille s’était « amusé » à répertorier les penalties oubliés lors des matchs de l’OM, à la fois pour les Phocéens et leurs adversaires. On en dénombre quatorze pour les premiers et six pour les seconds. Mais l’injustice, déjà criante, ne s’arrête pas là. Il faut, entre autres, ajouter le but refusé à tort contre Lyon (29e journée) et l’expulsion injuste de Giannelli Imbula face au PSG (13e journée). La succession de décisions défavorables de ces dernières semaines, face à l’OL (29e journée), au Paris-SG (31e journée) et Bordeaux (32e journée) a eu d’énormes conséquences et sapé le moral des troupes olympiennes. Plus inquiétants, les chiffres des penalties accordés sur les quatre dernières années mettent en lumière la différence de traitement des Olympiens par les arbitres. Comment l’expliquer ? En sommes-nous, avec nos excès, responsables ? Sans parler d’un improbable complot, l’OM doit être plus fort, mentalement, physiquement et techniquement, pour terminer à la même place que ses concurrents. C’est juste intolérable.

Les joueurs

Quelques pontes du paysage médiatique français n’hésiteraient pas à comparer l’effectif de l’OM à celui du Real Madrid ou du Bayern Munich, juste pour le plaisir de se payer Marcelo Bielsa. Pour autant, on oublie trop souvent que l’Argentin dispose du groupe le plus jeune de Ligue 1. Compte tenu de la spécificité du contexte marseillais, cela explique un petit peu les contre-performances lors des matchs à pression. Comme le soulignait Daniel Riolo dans nos colonnes, il y a quelques semaines, la présence d’un milieu défensif expérimenté de tempérament dans le style de Gary Medel aurait sans doute soulagé l’ancien sélectionneur du Chili et de l’Argentine. On le cite d’autant plus facilement qu’il figurait sur la fameuse liste de l’Argentin, lors du dernier mercato. Il n’est cependant pas question de décharger les joueurs de leur responsabilité. L’état d’esprit n’a pas toujours été à la hauteur et, entre les sorties régulières en discothèques des uns et l’arrogance des autres, certaines mauvaises habitudes se sont avérées très tenaces. Enfin, plusieurs d’entre eux semblent beaucoup se préoccuper de leur avenir et un peu moins de la situation actuelle.

Marcelo Bielsa

Avant même qu’il n’arrive, certains « spécialistes » le désapprouvaient, peut-être vexés d’entendre qu’un inconnu au petit palmarès fût adoubé par des Pep Guardiola, Diego Simeone ou Gerardo Martino, tandis qu’un Jocelyn Gourvennec attendait encore leur reconnaissance. De quel droit un étranger viendrait-il supplanter le sens de l’offensive de René Girard, l’intégrité de Rolland Courbis, ou le charisme de Laurent Blanc ? Avec son comportement atypique, le Rosarino ne s’est pas fondu dans le paysage. Et, s’il n’a jamais rien balancé de méchant contre personne, il a déchaîné les passions et s’est retrouvé au milieu d’une bataille rangée entre ses partisans et ses détracteurs. Certains l’ont haï avant même de le connaître, d’autres l’ont adulé dès le premier pied posé à Marseille. Il est pourtant bien difficile, sur une saison, de mesurer l’apport du Rosarino. On serait bien tenté de penser qu’il a tiré le meilleur de ses troupes, et que celles-ci ont affiché leurs limites propres. Mais on peut également lui reprocher certains choix tactiques, plusieurs coachs ayant gagné leur duel face à lui. A-t-il surestimé ses joueurs comme le pense Daniel Riolo ? Est-il plutôt à l’origine des problèmes de l’OM, ainsi que semble le considérer Pierre Ménès ? Un second exercice à la tête de l’écurie phocéenne apporterait certainement quelques précieuses réponses. Bielsa no se va.

Vincent Labrune

L’été dernier, le président olympien a eu le courage de miser sur El Loco. Cela n’est pas une petite décision : quel autre président de L1 aurait osé prendre un tel risque ? Il s’agit en tout cas d’un coup de génie en ce qui concerne l’image du club marseillais à l’étranger. Car, du fait de sa seule présence, de nombreux pays ont le regard braqué sur l’OM. On peut aussi penser qu’en dehors du recrutement, le patron phocéen a su placer le technicien dans des conditions idoines pour exercer son métier. Le mercato estival pose quant à lui davantage question. Abdelaziz Barrada et Matheus Doria, qui ont coûté au bas mot 10 millions d’euros, ont été très décevants. C’est aussi le cas de Lucas Ocampos, prêté par l’ASM. Enfin, Vincent Labrune a adopté une position très musclée afin de défendre son club face aux provocations de Jean-Michel Aulas et aux erreurs arbitrales, au risque d’alimenter les polémiques plutôt que de les apaiser.
On peut aujourd’hui penser que le projet Dortmund est mal en point. Quoiqu’ils soient dirigés par un entraîneur de renom et qu’ils disposent d’un certain potentiel, les joueurs inexpérimentés ont des difficultés à appréhender la passion inhérente au contexte marseillais. La politique des bas salaires est également un problème. Ne tire-t-elle pas le niveau de l’effectif vers le bas ? Et, malgré son application, le club phocéen enchaîne les résultats financiers déficitaires. Un peu plus et l’on pourrait développer l’idée que le président olympien prend autant de risque que ses prédécesseurs, avec moins de succès.

L’exercice 2014-2015 est décisif, car une seconde saison sans participation à la Ligue des Champions aurait un impact très négatif sur l’avenir olympien. Au regard des sommes investies lors des derniers marchés des transferts, une quatrième place sonnerait comme un énorme échec. Il reste cinq matchs pour inverser la tendance et déjouer les pronostics des mauvaises langues. Face aux événements défavorables, il ne s’agit néanmoins pas de perdre la foi. Car malgré le pétrole et tous leurs efforts, aucun autre club français ne concentre autant de passion et n’est aussi populaire que l’OM, avec les avantages et désavantages que cela comporte.

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